Le travail dans les couvents contemplatifs féminins

Marc Libert

Le 17 mars 1783, un édit promulgué par l'empereur Joseph II prévoyait la suppression des couvents contemplatifs des Pays-Bas autrichiens. Ces communautés étaient considérées comme inutiles. Patrice-François de Nény, chef président du Conseil privé, déclarait déjà à propos des ordres mendiants en 1771 qu'ils n'étaient qu' "un refuge (...) pour des hommes et des femmes qui, le plus souvent, ne sont enlevés à l'agriculture, aux arts et à la population que par des vues d'oisiveté et de fainéantise " (l). Ce n'est pas la première partie de cette citation qui nous intéressera ici ; son à-propos dans le contexte économique et politique de l'époque est connu (2).

Cependant, les religieux contemplatifs étaient-ils oisifs et fainéants? Comment appréhendaient-ils la notion de "travail"? Quelle valeur lui attribuaient-ils ? Ce sont ces questions auxquelles nous tenterons de répondre dans les pages qui vont suivre.

Nous limiterons notre analyse aux congrégations féminines contemplatives fondées à l'époque moderne. Plus spécifiquement, nous traiterons seulement des ordres qui possédaient des couvents sur le territoire de la Belgique actuelle. Il s'agit des congrégations suivantes : les annonciades, les capucines du tiers-ordre de saint François, les célestines, les conceptionistes, les pénitentes récollectines et les visitandines. Au total, elles comptaient 67 (3) couvents dans les Pays-Bas méridionaux et la Principauté de Liège.

Nous aborderons le sujet à l'aide de textes normatifs (règles, constitutions, coutumiers) et de documents d'archives produits par les communautés religieuses (correspondance, chroniques, abrégés de vertus).