L'INFLUENCE DE L'ESPRIT IRÉNIQUE SUR LE CONTENU DOCTRINAL DE LA PENSÉE DE CASTELLION

«Qui donc chez les hommes connaît les secrets de l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même nul ne connaît les secrets de Dieu, sinon l'Esprit de Dieu».

1 Cor. 2, 11.

L'indéfectible volonté de pacification religieuse occupe, dans la pensée de Castellion, comme dans celle de Mélanchthon ou d'Érasme, une place centrale. Pour les deux illustres théologiens, une abondante littérature nous avertit, avec toutes les nuances nécessaires, de l'importance de ce thème d'action et de réflexion. Pour Castellion, bien que des spécialistes aient souligné le rôle des adiaphora dans la pensée castellionienneO), le domaine de recherche a été beaucoup moins systématiquement exploré de la manière qui sera la nôtre. C'est qu'aborder l'étude de l'humaniste savoyard - admirateur puis opposant irréductible de Calvin - signifie qu'on entre dans l'histoire des non-conformismes religieux du xvie siècle, histoire placée seulement depuis peu dans l'optique la plus souhaitable. De Castellion lui-même, fort inexactement, et au hasard des courants et des écoles, on a voulu faire, soit un protestant libéral (2), soit un réformé de tendance «radicale» (3) ; de plus, on a peut-être vu en lui un servétien plus profond qu'il ne le fut dans la réalité. Quant à la question délicate des rapports entre sa pensée et celle des Sociniens, elle est à l'étude depuis plusieurs années (4). A H. R.