L'AFRIQUE AUX XVIIe ET XVIIIe S. : CONNAISSANCES, IDÉOLOGIES, PERSPECTIVES
A propos de : R. Oliver et J. D. Fage, general eds., The Cambridge History of Africa, vol. IV, From c. 1600 to c. 1790, dirigé par R. Gray, Cambridge University Press, 1975 ; un vol. in-8°, 738 pp., cartes, index.
Le vol. IV de la Cambridge History of Africa — CHA (IV) — a été le premier à paraître d'une collection qui comptera huit volumes : trois sont parus jusqu'à présent: dans l'ordre, IV (c. 1600 à c. 1790), V (c. 1790 à c. 1880), et III (c. 1050 à c. 1600). Traditionnellement, depuis le début du xxe s., les collections de synthèse historique patronnées par l'Université de Cambridge se sont présentées comme des publications de prestige, faisant le point des connaissances tel qu'il se présentait en Grande-Bretagne. La première Cambridge Modem History ignorait l'Afrique. Plus tard, celle-ci fit son entrée dans ces collections par le biais de l'histoire de l'Empire britannique. Aujourd'hui, l'Inde, l'Islam, la Chine, l'Iran, bientôt l'Afrique, font l'objet de synthèses importantes.
La parution du présent volume fournit l'occasion d'une réflexion critique sur l'état des connaissances historiques dans le domaine africain. La période 1600- 1800 est particulièrement intéressante pour cet examen puisqu'elle est lourde d'émotions et d'aliénations diverses : c'est qu'elle reste marquée par les conditions dramatiques qui ont accompagné l'entrée de l'Afrique sur la scène mondiale.
La note qui suit se développe en deux temps. On passe d'abord en revue les principaux acquis de la discipline, au fil des différents chapitres de l'ouvrage. On s'interroge ensuite sur l'origine des options adoptées par les auteurs, en se contentant de signaler rapidement certains domaines que l'ouvrage laisse dans l'ombre et qui paraissent cependant importants pour saisir l'originalité des xvne etxvme s. dans le passé de l'Afrique.
1. Connaissances : acquis et données fragmentaires
Une préoccupation chère aux historiens de l'Afrique est de ne pas permettre aux divisions régionales ou nationales modernes de masquer les liens qui unissent les sociétés africaines à l'échelle du continent : CHA (IV) reflète ce souci. Le plan de
