Les préliminaires du traité de Londres
(29 août 1604)
La grande Elisabeth venait de mourir.
L'Europe, anxieuse de savoir lequel des quatorze prétendants à la succession allait monter sur le trône, avait les yeux fixés sur l'Angleterre.
Et tout à coup, alors que l'on s'attendait à des troubles civils et même à une reprise générale de la guerre, la nouvelle se répand que l'élection de Jacques VI d'Ecosse s'est accomplie sans la moindre opposition et que, devant les acclamations presque unanimes de la population, toutes les autres candidatures se sont fondues comme neige au soleil du printemps.
« Avec quelle paix et quelle tranquillité, écrit l'archiduchesse Isabelle (*), une des candidates malgré elle (2), on a élu le roi d'Ecosse au lieu même où on prononça la sentence de sa mère! Son sang a dû crier vers Notre Seigneur en ce moment! On peut tenir pour certain que ce sera le commencement de sa conversion dont on a vu des exemples et sans doute sa femme se fera catholique (3) ».
Les espérances de la pieuse infante en ce qui concernait le prince qui s'appellerait désormais Jacques Ier devaient rester vaines. Mais elle n'était pas seule à se préoccuper
(') Lettre du 16 avril 1603 au duc de Lerme.[A. Rodriguez- Villa, Correspon- dencia de la infanta archiduquesa Dona Isabel Clara Eugenia de Austria con elduquede Lermay otrospersonajes, p. 83. Madrid 1906.]
(2) J.-H. Pollen, « The accession of King James I » [Tfie Month, t. CI (1903), p. 581], prétend que, dès l'année 1602, Isabelle avait formellement renoncé â ses droits éventuels au trône d'Angleterre. [Cf. Stonyhurst, Collectanea P, fol. Ui. (Lettre du 6 juillet 1603 de Persons à Rivers.)]
(3) En réalité la reine Anne, fille du roi protestant de Danemark, était déjà catholique. Son catholicisme fut toujours très tiède, il est vrai, et d'une orthodoxie très discutable.
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