R.A.C. 1978 - n" 65-66

J.-L. FICHES, F. MALACHER et J.-C.M. RICHARD

UN STATÈRE ARVERNE D'AMBRUSSUM (Villetelle, Hérault) ET SON CONTEXTE ARCHÉOLOGIQUE (2e moitié du f s.av.n.è.)

Les recherches conduites à Ambrussum depuis 1968, par l'un d'entre nous, portent à la fois sur Voppidum, occupé dès la fin du ive siècle avant notre ère et doté d'un rempart en pierres sèches entre 250 et 175, et sur l'agglomération gallo-romaine, qui a joué le rôle de mutatio sur la voie Domitienne. De cette agglomération, on connaît déjà la rue principale et un bâtiment public (fig. 1, secteur II) mais c'est surtout sur l'habitat domestique qu'ont porté les recherches : les fouilles pratiquées dans deux quartiers différents (secteurs I et IV) ont révélé de vastes habitations construites au début de l'Empire selon un plan original, organisé autour d'une cour intérieure et d'un portique2.

En 1976, la fouille de l'une de ces habitations a été entreprise sur la terrasse la plus haute du site. L'exploration, qui, aujourd'hui encore, n'est pas terminée, a d'abord porté sur une grande pièce (8,50 X 4,80 m) située dans l'angle nord-ouest de la maison. Cette pièce (P. 1) s'ouvrait au sud-est sur la cour par une porte à deux vantaux dont on a conservé la pierre de seuil ; elle communiquait aussi avec la pièce voisine (P. 2) par une ouverture étroite pratiquée dans le mur sud, qui, comme les autres, est fait de blocs irréguliers en calcaire local, hourdés à l'argile.

La fouille de cette pièce nous intéresse aujourd'hui car elle a livré, en stratigraphie, un statère arverne, recueilli donc dans un contexte précis, en dehors de l'aire habituelle de diffusion de ce monnayage. La stratigraphie qu'on a observée dans cette pièce, est la suivante (fig. 3) : sous une couche de terre végétale (C. 0), on a distingué deux couches pierreuses (C. 1 et C. 2) correspondant à l'effondrement des murs ; au-dessous, une couche de fine terre jaune, remontant le long des murs (C. 3) couvrait le sol, marqué par des tuiles à plat ; c'est une couche constituée sous l'action du vent, avec la terre issue des murs, après l'abandon. La couche sous-jacente (C. 4) était faite d'une terre jaune mêlée de cendres et de charbons de bois, contenant encore des débris de tuiles ; elle reposait sur une couche qui n'a pas encore été fouillée, au sommet de laquelle apparaissent des murs arasés. La couche 4, située sous le niveau d'abandon, peut marquer un premier état de l'occupation de la pièce ou bien correspondre à un remblai de nivellement étendu lors de la construction. Elle a livré un mobilier abondant par rapport aux couches supérieures. Celles-ci ont d'ailleurs fourni les mêmes catégories de céramiques, mêlées cependant à des éléments plus récents, en particulier de la sigillée d'époque flavienne. Voici le détail du mobilier de la couche 4 qui constitue le contexte du statère :

Monnaies3 : un statère arverne fourré (n° 102) ; une monnaie à la croix, tête de nègre (n° 104) ; un petit bronze celtique à la légende MOTUIDIACA (n° 112) ; un petit bronze « anonyme des Bituriges » (n° 103) ; quatre petits bronzes de Marseille au taureau cornupète (n08 100, 101, 105 et 107) ; un as ibérique (n° 109) ; un demi as de Nîmes, 3e type (n° 106) et un as d'Agrippa (n° 108).

Objets en bronze : une plaque cordiforme (fig. 4. 1) ; une soie à bouterolle (fig. 4. 2) ; deux anneaux (fig. 4. 3-4) ; 14 fragments de plaque ; les fragments d'un ressort, d'un ardillon et d'un porte- ardillon de fibule (fig. 4. 5).

Objets en fer : 45 clous et fragments divers ; deux chaînons (fig. 4. 6).

Verre : neuf fragments dont un bord de coupe (fig. 4. 7) et un tesson de vase globulaire orné d'un sillon horizontal.

Divers : un jeton en os ; un chaton de bague en pierre noire.

Restes culinaires : 494 os et coquillages.

Lampes* (0,2 %) : deux fragments moulurés d'un bord de médaillon.

Céramique engobée (0,7 %) : avec en particulier un bord de coupe d'imitation campanienne (fig. 4. 26).

Céramique sigillée (1 %) : fragments de deux assiettes du service 1 avec une gorge intérieure caractéristique des formes Goudineau 12, 15 ou 17 5 (fig. 4. 29-30). Un bord Drag. 37 apparaît comme une intrusion et doit être rattaché à C. 3.

Céramique à vernis interne rouge-pompéien (1,2 %) : fragments de plats dont un bord rentrant à lèvre arrondie amincie (fig. 4. 24) 6.

Céramique à parois fines (1,4 %) : un fond de gobelet, un fragment à bord rentrant et anse verticale, couvert d'un engobe orangé, et une anse portant des traces d'engobe brun (fig. 4. 25, 27, 28).

Céramique gallo-romaine précoce (5,1 %) : un fragment de couvercle et une olla (fig. 4. 8-9).

Céramique commune grise : dans cette catégorie, on a regroupé des fragments à pâte tendre, d'un gris homogène, dont l'aspect sinon la forme rappelait les imitations de campanienne C (11 %) et une céramique à pâte fine, sonore, souvent gris clair à l'intérieur et dont la surface externe peut être gris

69