dossier
Orwell à Athènes :
la cyberdémocratie
au chevet de la
démocratie
Nicolas Pélissier
Maître de Conférences
à l'Université de Nice
Chercheur au GRIC
Athanassios Evanghelou
Chargé de cours
à l'Université Paris III
Chercheur au CREDAP
Université Paris I
Comment peut-on légitimement annoncer "la fin des utopies" ? Il n'est que de naviguer quelques encablures sur la déferlante Internet pour constata, bien au contraire, un foisonnement de propositions utopiques en tous genres, annonciatrices d'un XXIe siècle décidément fort lumineux. Dans les rayons de ce nouvel hypermarché aux utopies, raison d'être du présent dossia, un produit semble de plus en plus prisé, pas tant du grand public que des consommateurs très avisés. Étiqueté "citoyen", il se décline tantôt en "démocratie électronique", tantôt en "télédémocratie", ou encore en "cyberdémocratie". Ce dernier terme semble, toutefois, privilégié de ses adeptes, ne serait-ce que parce qu'il renvoie directement, bien plus que les deux autres expressions sans doute encore trop liées aux traditionnels mass médias, à la conquête et à l'expérimentation d'un nouveau territoire : le cybaespace.
Le terme de cybadémocratie recouvre sur le plan étymologique deux acceptions possibles de l'ingénierie politique : l'une procède de la souveraineté du maître du gouvernail {kubernétès), l'autre du pouvoir du peuple (démoaatie). Belle paspective dialectique à l'horizon, si ce n'est qu'à l'usage établi, la cyberdémocratie réfère à deux aspirations d'un autre ordre : l'une,
QUADERNI N°41 - PRINTEMPS 2000
ORWELL A ATHENES • 109