DE QUELQUES MACHINES A ÉCRIRE

Jean-Pierre GOLDENSTBIN

« // faut écrire, ne serait-ce que pour empêcher quelqu'un d'autre de le faire à votre place en vous infligeant le supplice de ses astuces » (1).

Michel Mougenot a consacré naguère un excellent article (2) à la place de l'écrit, de l'écriture, dans l'enseignement du français. Comme je partage entièrement son point de vue, je me permets de renvoyer le lecteur à son étude dont je me contenterai ici de rappeler les grandes lignes. Après avoir passé en revue les différents types d'exercices écrits pratiqués à l'école (narration, dissertation, composition française, explication de textes, commentaire composé, résumé, etc.), M. Mougenot montre comment « l'apparente diversité masque un fonctionnement idéologique commun ». En situation scolaire, l'écriture est en effet pratiquement toujours niée. Elle est massivement conçue comme transparente et on ne lui demande que de s'effacer derrière la représentation des sentiments ou de l'objet décrits. L'écriture, qui doit donner à voir, use essentiellement des capacités référentielles du langage et son dire se confond régulièrement avec un vouloir-dire auquel elle n'est cependant pas contrainte de se réduire. Si M. Mougenot ne pense pas qu'il soit possible «d'introduire aujourd'hui à l'école un nouveau type de rapport à l'écriture qui soit réellement transgressif, une pratique de l'écriture qui soit révolutionnaire » — et il conviendrait de se demander ce que pourrait d'ailleurs représenter une écriture « révolutionnaire » dans l'appareil scolaire — , il lui semble pourtant possible « d'introduire, dès à présent, des exercices qui peuvent modifier sensiblement le rapport des élèves à l'écriture ». A cette fin, il suggère de toujours expliciter le but de chaque exercice proposé et d'aborder avec les élèves l'étude des problèmes théoriques soulevés par les exercices pratiqués. C'est l'attitude que j'adopterai également en exposant d'autres variations que celles qu'il présente.

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