Cuisine et dépendance

Les logiques pratiques du recrutement politique*

Stéphane LATTE

Au regard des descriptions qu'offrent les candidats de la composition des listes, l'opération du recrutement semble régie par des logiques proprement politiques : à partir de l'analyse des rapports de forces internes (les équilibres au sein des partis, entre les partenaires des multiples coalitions) et externes (« la sociologie » de la ville), est élaborée une liste de « critères », de « paramètres » définissant le profil des colistiers que l'on va ensuite s'employer à recruter. Il n'est généralement question que de tactique, d'accords locaux ou nationaux, il s'agit de « respecter les équilibres », de « ménager les susceptibilités », bref, de satisfaire aux exigences du « microcosme ». L'autonomie de l'opération sonne comme une évidence lorsque les enquêtes exposent avec application les calculs sophistiqués et parfois hermétiques qui, selon eux, président au choix des colistiers. Mûrement réfléchie, orientée stratégiquement vers la conquête des suffrages, la sélection des candidats s'affiche comme une manœuvre contrôlée, de bout en bout, par la seule tête de liste. Dès lors, l'inégale distribution des chances de candidater, l'inscription du recrutement dans le cours de relations ordinaires et diversifiées, ses effets sur la structure des interactions sociales à venir (entre tête de liste et colistiers, entre prétendants et établis, entre candidats et

Politix. Volume 15 - n° 60/2002, pages 55 à 80