La Politique étrangère et de

sécurité commune :

dynamique d'un système d'action

Yves Buchet de Neuilly

Centre de recherches politiques de la Sorbonne

Université Paris I

LA POLITIQUE étrangère et de sécurité commune (PESO, codifiée dans le traité de l'Union européenne adopté à Maastricht en 1991, devait permettre d'introduire, parallèlement à l'Union économique et monétaire, les premiers éléments d'une union proprement politique1. En établissant les bases juridiques d'une politique étrangère commune, les négociateurs du traité souhaitaient combler le déficit d'une Europe, «géant économique et nain politique», impuissante et paralysée devant les conflits qui se déroulaient à ses frontières. Ils ont dans cette perspective modifié le système juridique de production des politiques européennes en la matière, en instaurant une architecture institutionnelle complexe et sans précédent, qui associe deux systèmes d'action différents : le système communautaire et le système de coordination des diplomaties européennes qui regroupait les acteurs de la Coopération politique européenne (CPE) depuis la fin des années soixante.

Par son caractère hybride, ce nouvel axe de développement de la construction européenne constitue un terrain d'analyse particulièrement fécond pour comprendre comment se forment et se transforment des pratiques et des logiques d'action européennes. La mise au jour des concurrences et des clivages qui structurent la PESC, des mobilisations et des stratégies d'appropriation de son cadre juridique, conduit à un découpage des groupes, des alliances et des solidarités qui diffère sensiblement du découpage institutionnel formalisé. Jusqu'à présent, les travaux portant sur la PESC se sont essentiellement concentrés sur l'origine nationale des différents acteurs impliqués dans le processus décisionnel, considérant les États membres, leurs intérêts respectifs et leurs stratégies comme seules variables explicatives dans la définition

Politix, n°46, 1999, pages 127 à 146 127