POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 941

débat

Arabes et Israéliens :

Bassma KODMANI-DARWISH * . et Dominique MOISI *

avant la réconciliation

L'accord de Washington constitue-t-il un premier pas vers la paix entre Israël et les Palestiniens ? La fin du conflit signifier a-t-elle la réconciliation entre les peuples ? La paix entre l'Egypte et Israël pouvait rester une paix froide, celle entre Israël et les Palestiniens ne peut qu'être chaude ou ne pas être.

Politique étrangère : Quelle est la signification globale et symbolique de l'accord de Washington ?

Dominique Moïsi : On pourrait formuler cette question de différentes façons : l'année 1993 restera-t-elle comme celle de la paix au Proche-Orient ? Ce qui s'est passé ne sera-t-il qu'un événement qui tombera dans les poubelles de l'histoire ? Quelque chose d'irréversible a-t-il été créé par la poignée de mains symbolique entre Yasser Arafat et Itzhak Rabin ? Ou bien, et c'est l'interprétation cynique et pessimiste, fondamentalement, il ne s'est rien passé ; une fenêtre d'opportunité a été ouverte, mais cette fenêtre est en train de se refermer et le Moyen-Orient de demain ressemblera finalement beaucoup plus à celui d'hier que l'on ne le pensait. C'est autour de cette première question, c'est-à-dire des deux interprétations possibles aujourd'hui de l'accord de Washington, tournant historique ou coup d'épée dans l'eau, que se situe le point de départ de notre débat.

Bassma Kodmani-Darwish : II y a, à mon sens, un facteur irréversible, c'est la situation actuelle de la région, situation née de facteurs objectifs, d'un rapport de forces régional, d'un certain contexte international et de ses implications sur la région. L'engagement dans un processus pour mettre fin à l'état de guerre me paraît irréversible en raison de ces données objectives, indépendamment des partisans ou des opposants à la paix avec Israël et en dépit des difficultés du processus de paix. En revanche, l'accord lui-même est extrêmement contesté, fragile parce que faible et critiquable sur beaucoup d'aspects. Il est comme une large avenue avec deux bifurcations possibles. Aucune n'est encore prise à mon avis, parce que l'accord est général et très ouvert. Il s'agit d'un accord pour se