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0,4° au nord de l’équateur : une souveraineté à l’abandon

[article]

Année 1998 70 pp. 22-31
Fait partie d'un numéro thématique : Le Kenya : Le contrat social à l'abandon
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UNE SOUVERAINETÉ À L’ABANDON

0,4° au nord de l'équateur : une souveraineté à l'abandon

A L’aube du xxr siècle, la nation kényane est confrontée à un problème de souveraineté dans l’ensemble de ses territoires situés au-delà de 0,4° au nord de l’équateur, essentielle¬ ment occupés par des sociétés pastorales représentant 20 % de la population du pays. La vie de ces sociétés pastorales est caractéri¬ sée par la lutte contre un environnement difficile mais aussi par des rivalités intercommunautaires. Les savoirs locaux et leurs sys¬ tèmes de résolution des conflits leur permettaient traditionnelle¬ ment de survivre dans un environnement hostile mais aussi de résoudre les tensions qui les divisaient. Au milieu des années 80 et sous l’influence de facteurs endogènes et exogènes, les conflits inhérents à cette région se sont transformés au point de menacer la souveraineté de l’Etat. Parmi les facteurs exogènes, rappelons que l’effondrement des Etats-nations voisins (Somalie, Ethiopie et Soudan) a provoqué des guerres civiles qui ont amené dans le nord du Kenya une prolifération d’armes modernes. L’équilibre des pouvoirs au sein des sociétés pastorales s’en est trouvé déstabilisé, ce qui a contribué à l’instabilité de la région. De plus, ces Etats voisins ont armé et formé militairement certaines communautés qui sont devenues l’instrument de leur projet régional hégémoni¬ que et ont été lancées au-delà de leurs frontières.

Le Kenya est un Etat néopatrimonial dont l’élite cherche à assurer sa survie politique et ses opportunités d’enrichissement. Dans ce cadre, les communautés au nord de l’équateur sont relé¬ guées à la périphérie et laissées aux mains des pouvoirs embryon¬ naires de seigneurs de la guerre. Les tensions ne sont plus résolues par une police censée détenir le monopole de la force légitime mais par des groupes armés plus ou moins contrôlés. On assiste ainsi à l’émergence d’un quasi-état de nature, d’une guerre totale dans laquelle se sont engouffrés Turkana, Samburu, Pokot, Marakwet, Rendille, Borana et Somali. Ces situations de conflits permanents ont pris le dessus dans toute la zone comprise entre le lac Turkana

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