Piste®

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Reconstruire la Somalie

LE 21 novembre 1949, par un vote de l’Assemblée générale des Nations unies, la Somalie, administrée par les Britanniques depuis la défaite de l’Italie en 1941, était replacée sous l’autorité de l’Ita¬ lie, sous le contrôle d’un Comité tripartite composé des Philippines, de l’Égypte et de la Colombie, avec la mission de mener le pays à l’indé¬ pendance. Celle-ci était proclamée le 1“ juillet 1960, à la suite de la fusion du territoire britannique du Somaliland et de la Somalia italienne. Par un tragique retour des choses, le Somaliland est de nouveau séparé de la Somalie, elle-même revenue sous tutelle internationale.

Au risque de voir se reproduire, à une échéance plus ou moins loin¬ taine, l’enchaînement violent qui, depuis septembre 1991, a ravagé la Somalie du Sud, le diagnostic de la crise compte autant que les modali¬ tés de son règlement. Y voir une simple rivalité «tribale » entre des «chefs de guerre » ne rend pas compte de la fracture sociale qui s’est produite depuis deux ans. Si le problème était d’ordre clanique, il aurait été depuis longtemps réglé, dans la mesure où la société Somalie est fondée sur un système de procédures arbitrales qui garantissent sa cohésion. En outre, la stratification sociale de la région de Mogadiscio ne s’analyse pas sur le mode segmentaire. Les relations entre lignages (reer), pour être com¬ préhensibles, doivent être interprétées dans leur dimension territoriale (degmo ). A la différence du reste du pays, la capitale et sa région ont connu, depuis l’époque italienne, des transformations économiques qui ont généré des changements sociologiques. Il suffît, pour s’en convaincre, de considérer la fréquence des mariages entre originaires du Nord et Hawiye, comme l’hétérogénéité du recrutement des fonctionnaires de l’État, où des minorités, comme les Barwaani, occupaient des postes importants. La ligne de partage est sociale. Elle coïncide avec le découpage clanique, dès lors que la lutte pour le pouvoir, en s’amplifiant, recrute dans des zones à peuplement homogène. La dimension shakespearienne qu’elle prend (25 000 morts dans Mogadiscio, entre le 17 novembre 1991 et le 3 mars 1992) met à nu l’altérité initiale entre le partage des dépouilles, conve¬ nue par certains pour renverser Siyaad Barre et la réaction populaire pro¬ cédant des exactions d’un régime dictatorial et d’une dégradation cons¬ tante des revenus du secteur rural. Au lieu d’un coup d’État classique,

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