J. -P. MINVIELLE

Nouvelle donne, nouvelle information

LE concept d’ajustement structurel sous-entend une «lecture » bien particulière de la crise africaine actuelle : c’est une crise de structure et non plus seulement une crise de conjoncture du type de celle à laquelle était censée remédier, provisoirement, l’aide alimentaire dans les années soixante-dix. La quasi-généralisation de la mise en œuvre de politiques d’ajustement structurel dans les pays d’Afrique de l’Ouest conduit à constater l’existence d’un con¬ sensus sur le caractère profond, structurel de la dépression.

Le déséquilibre alimentaire, composante la plus criante et la moins admissible de cette crise et point de focalisation antérieur de tous les efforts, est dorénavant analysé comme indiscutablement lié aux autres facettes d’une crise plus générale et autrement plus préoccupante : échanges extérieurs et endettement, urbanisation et mutations sociales, etc.

Les pratiques antérieures visaient à résoudre ponctuellement des difficultés bien précises. Dans le cas de l’aide alimentaire, il s’agissait de combler les carences de la production ou, plus généralement, les insuffisances du ravitaillement des zones touchées. L’approche par l’ajustement structurel, à l’inverse, envisage de façon liée les différents composants du système socio-économique et leurs inter¬ relations. La politique alimentaire perd dès lors son autonomie et devient un des éléments constituants d’une politique d’ensemble. Dans cette optique, doivent être pris en considération non seule¬ ment les aspects directs de la production vivrière et de l’approvi¬ sionnement, mais aussi les complémentarités et les effets induits existant entre les productions vivrières et les autres aspects du système socio-économique (état du réseau de transport, rentabilité des autres cultures, disponibilité en biens manufacturés...).

Déséquilibre de la production, la crise alimentaire est également une remise en cause de l’approvisionnement. Cet élargissement nécessaire de l’approche est à présent totalement admis, comme l’atteste la multiplication actuelle des études de filières de commer-

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