L’ouvrage collectif publié spus la direction d’Yves-André Fauré et de Jean-François Médard \ État et bourgeoisie en Côte-d’Ivoire (Karthala, 1982) était doublement attendu. D’une part, il s’agit de la première étude du système politique ivoirien réalisée par des chercheurs francophones, aussi extraordinaire que cela puisse paraître. De l’autre, les politistes que sont J. -F. Médard et Y. -A. Fauré ont su travailler de concert avec des anthropologues et des sociologues, dans une perspective pluridisciplinaire. Le fruit de cette collaboration relance le débat ivoirien qu’avait magistrale¬ ment introduit Samir Amin, il y a près de quinze ans, et qui représente un peu le serpent de mer de la réflexion politico-économique (et des conversations du café du Commerce...) en Afrique de l’Ouest. A. R. Zolberg et B.K. Campbell, deux spécia¬ listes de la Côte-d’Ivoire dont les références théoriques et les sen¬ sibilités scientifiques diffèrent , ont lu pour Politique africaine cette nouvelle contribution.

A.R. Zolberg : La redécouverte de la Côte-d’Ivoire

Depuis son accès à la souveraineté internationale, il y a un quart de siècle — tournant inauguré par l’émergence précoce du Ghana en 1957 — l’Afrique noire ex-coloniale refuse de se plier aux contraintes que lui impose le prêt-à-porter des sciences humaines. Il faut bien reconnaître que, face à une quarantaine de

{>ays extrêmement diversifiés, aussi bien par la configuration de eurs données de départ que par l’éventail des enchaînements mouvementés de leur histoire récente, les analystes même sérieux de la vie politique du continent n’ont pas eu la tâché facile. Mais les travaux des premières décennies seraient plus utiles aux cher¬ cheurs d’aujourd’hui si leurs auteurs ne s’étaient laissés emporter, comme l’a suggéré A. O. Hirschman au sujet de certaines interpré¬ tations de l’ Amérique latine, par «la rage de vouloir conclure ».

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