PALLAS, 51, 1999, pp. 223-240.
Guerre et finances : état de la question
Patrice BRUN (Université du Maine - Le Mans)
Dans ce domaine a priori technique, largement dominé par des sources d'inspiration athénienne, le risque est double : se laisser emporter par les seuls aspects juridiques du dossier (et ils sont nombreux), croire que l'ensemble du monde grec pensait et pratiquait la question du financement de la guerre comme le faisait Athènes. Mais, évacuer l'athénocentrisme est plus aisé à dire qu'à faire. Tout au long de cet exposé, à mi-chemin entre comptes-rendus d'ouvrages et d'articles et tentative de réflexion sur la question "Guerre et Finances", chacun aura la confirmation que l'immense majorité des documents provient d'Athènes et concerne cette cité. Ces deux risques étant identifiés, il ne s'ensuit pas que l'on parviendra toujours à éviter les écueils.
Documents nouveaux, nouvelles lectures, recueils
Depuis quinze années, il faut tout d'abord signaler la grande rareté de textes épigraphiques nouveaux. Un seul mérite une mention particulière : un nouveau fragment de l'inscription IG V, 1, 1 (M&L 67) permettant de comprendre un peu mieux l'économie générale du texte, qu'il faut désormais consulter dans la version S EG 39, 1989, 170. Ce texte a été donné et commenté par William Loomis (1992) et par Marcel Piérart (1995). L'intérêt de ce fragment est de mentionner des exilés de Chios, ce qui a amené Piérart — contre les conclusions plus classiques de Loomis, qui considère ce document comme contemporain des premières années de la guerre — à dater l'inscription des années postérieures à la révolte de Chios matée par les Athéniens en 410. Longtemps, on a pensé que la mention des Méliens parmi les contributeurs donnait une date butoir à ce texte mais, avec de bons arguments et surtout des rapprochements avec d'autres communautés exilées (rappelons qu'en 405, Lysandre réinstalla les Méliens qu'il put trouver), Piérart fournit une hypothèse fort séduisante. Le texte serait donc contemporain de la guerre d'Ionie et non pas de la guerre archidamique, ce qui dénote une impression plus grande encore d'improvisation devant le financement des
