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Buste d'Aristophane

[article]

Année 1992 38 pp. 286-287
Fait partie d'un numéro thématique : Dramaturgie et actualité du Théâtre Antique
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BUSTE D'ARISTOPHANE

(Attribution proposée par Pascal THIERCY)

Cette copie romaine d'un original grec se trouve au Musée du Capitole (Rome), salle des Philosophes. Ce buste est donné dans les fiches des archives du musée comme d'attribution douteuse à Aristote (ou Aristide) et il n'est pas repris dans les séries de portraits recensés par Gisela M.A. Richter (The Portraits of the Greeks, London, 1965).

De toute évidence, l'identification à Aristote est fausse, car ce buste ne ressemble en rien aux nombreux portraits du Stagirite, et de façon vague à Aristide.

Certes, il ne présente non plus aucun point commun avec les têtes dites « d'Aristophane » des musées de Bonn (Akademische Kunstmuseum), du Louvre et de Wilton House, identifiées comme telles par Welcker (elles sont associées en double hermès, deux avec un « Ménandre » et une avec un « Sophocle »), mais l'identification de Welcker a déjà été mise en doute du fait de l'absence de calvitie de ce buste. Malgré les dires de Gisela M.A. Richter, cet argument me semble déterminant car cette calvitie précoce est le seul trait physique connu d'Aristophane ό φαλακρός. Elle est attestée par lui-même et ses contemporains (notamment Paix 771 sqq. et Eupolis,/r. 78), et l'on voit mal pourquoi un sculpteur la dissimulerait.

Gisela M.A. Richter affirme que la calvitie est rarement représentée, et elle indique comme exception Eschyle. La calvitie de celui-ci étant de notoriété publique, quasi légendaire même, cela me semblerait au contraire une raison de plus de penser qu'elle ne serait représentée que pour un autre personnage célèbre pour son crâne dégarni, notamment pour le pendant comique d'Eschyle.

On peut noter aussi, en faveur de l'identification que je propose pour ce buste romain, que la physionomie générale est nettement empreinte d'une ironie souriante que l'on rencontre rarement (surtout dans les bustes de philosophes), et que cet homme est encore jeune malgré sa calvitie, tous traits qui correspondent bien à ce que l'on imagine rencontrer dans un portrait d'Aristophane.

Cette identification me semble donc au moins aussi possible que celles du Musée du Capitole, ou que celles des trois têtes attribuées à Aristophane, et je la propose sous réserves, en attendant que d'autres éléments soient découverts, soit en sa faveur, soit au contraire pour confirmer l'identification des trois têtes traditionnelles.

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