par Pierre Serça (*)
Les noms en -jioç et en -|ir| dans les périphrases avec 7lOl£lV/îTOI£Î(T0ai, Tl0évai/Tl08<F0ai
I
Le grec a hérité de l'indo-européen un suffixe -*mo-, bien attesté aussi dans d'autres langues comme l'indo-iranien, le hittite, le latin, etc., qui servait, en particulier, à former des noms d'action tirés de verbes (2). Le suffixe -(ioç du grec, sous ses différentes formes, s'est trouvé en concurrence avec d'autres suffixes de forme ou de sens voi¬ sins. Il est "avoisiné d'une part par un suffixe -|ia, morphologiquement apparenté mais de sens assez distinct, d'autre part par un suffixe -ai; dont la structure était différente et qui caractérisait peut-être plus net¬ tement le nom d'action". En principe "le suffixe "animé" -jaoç se distinguait du suffixe inanimé indiquant souvent un état ou le ré¬ sultat d'une action, mais il arrive que les deux formations coexistent sans qu'il soit possible de les séparer nettement. Cependant, pour le sens, il se trouvait plus proche du suffixe -atç, et parfois les deux déri¬ vés sont attestés pour exprimer des notions presque identiques, -|_t6; semblant plus concret et -ai; plus abstrait et plus général, avec une va¬ leur verbale plus apparente (P. Chantraine, op. cit. p. 144-147).
J. Holt, notamment, a essayé de préciser ce caractère particulier des noms d'action en -|aoç : pour lui, alors l'action "wird als Erlebnis ausgedriickt", ils désignent "die Handlung als Geschehnis, wàhrend ihres Verlaufes betrachtet" (loc . cit. p. 185, 198) ; plus tard, il repren¬ dra et développera cette définition, en les opposant aux autres noms d'action, notamment à ceux en -|aa et en -at; : "-|iô; désigne le dérou¬ lement du procès avec ses aspects variés" ; "en employant le suffixe -|aôç, on se place au milieu des événements et on décrit le développe¬ ment" ; "les noms en -jiô; ont ceci de particulier qu'ils insistent sur le contenu de l'action"; "les suffixes -fia, -jao -, -ai; expriment trois as¬ pects de l'action, -|_ ta l'aspect achevé, -|iô; l'aspect de la qualité, -ai; l'aspect de l'action pure et simple" (op. cil. p. 120 n. I, 134, 166, 167).
(*) Maître de conférences à l'Université de Toulouse-Lc Mirail