PALÉORIENT, vol. 9/2-1983

FABRICATION EXPÉRIMENTALE DE RÉPLIQUES D'UN VASE NÉOLITHIQUE DU SITE DE GANJ DAREH, IRAN : RECHERCHE TECHNOLOGIQUE

P.E.L. SMITH et R. CRÉPEAU

Les objets en céramique sont généralement décrits selon trois niveaux complémentaires : stylistique, morphologique, et technologique. Le niveau technologique est souvent délaissé au profit des deux premiers. Cette attitude est facilement compréhensible. Le style et la morphologie d'un vase (très souvent inextricablement liés), de description aisée, permettent généralement de mettre en évidence les régularités diachroniques (chronologiques et temporelles) et synchroniques (culturelles ou ethniques) recherchées par l'archéologie.

Le vase dont il est question est unique : un seul exemplaire à Ganj Dareh et, à notre connaissance, aucun autre cas similaire pour la même période au Proche-Orient. Le fait qu'il soit unique diminue considérablement son utilité aux plans stylistique et morphologique. En revanche, sa présence dans un site ancien offre un grand intérêt pour l'histoire de la technologie céramique au Proche-Orient.

D'un point de vue technologique, la fabrication d'un vase comporte trois moments principaux : 1) la récolte et la préparation de la matière première, 2) le façonnage du vase et 3) sa cuisson. Cette dernière a fait l'objet de nombreux travaux dans différentes régions du monde (1). La récolte et la préparation de la matière première sont de plus en plus abordées par le biais d'études de provenance basées sur l'analyse chimique de la céramique (2). Le

nage, de son côté, a traditionnellement fait l'objet d'études en laboratoire visant à reproduire des procédés anciens. Ainsi, un procédé technique hypothétique devient plus crédible si sa reproduction en laboratoire montre qu'il est possible et pratique (3).

Plus récemment, les Rayons X ont été utilisés pour étudier les méthodes de façonnage d'une production (4). Cette méthode fondée sur la répartition des inclusions dans la pâte d'un vase en fonction de la méthode de façonnage utilisée, présente plusieurs difficultés. D'abord selon Shepard : « l'alignement des particules en fonction des forces appliquées au modelage peut être observé seulement lorsque les particules ne sont pas « équidimension- nelles » (5). Comme « la majorité des inclusions sont granuleuses et équidimensionnelles et ne montrent pas d'orientation préférentielle » (6), leur étude donne des résultats limités. De plus, le façonnage d'un même vase implique parfois la combinaison de plusieurs méthodes (colombins et façonnage au battoir, par exemple) dont il est difficile d'identifier les effets successifs sur l'orientation des inclusions. Finalement, une exposition aux rayons X rend impossible toute analyse subséquente par thermoluminescence (7).

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