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En mode mineur... François Laveau explorateur au Maroni (1887-1928).
Gérard COLLOMB *, Arnauld HEURET ** Si la Guyane fait partie, avec les îles de la Caraïbe et de l’Océan Indien, des «vieilles colonies » françaises marquées par l’économie de plantation et le travail servile, elle représente aussi au xixe siècle un enjeu comparable à ces terres africaines que la France entreprend de s’approprier lors de la «deuxième colonisation » . Comme le Congo, la Guyane offre à l’exploration un immense territoire jusqu’alors quasi inconnu, recélant des ressources potentielles que l’on veut voir comme sans limites. L’habitant besogneux ou le planteur esclavagiste laissent alors place à une autre figure, celle de l’ «explorateur » qui va s’enfoncer dans la grande forêt pour en dévoiler les mystères. À l’instar d’un Paul Belloni du Chaillu, d’un Victor de Compiègne ou d’un Pierre Savorgan de Brazza remontant l’Ogooué ou le Congo, Jules Crevaux et Henri Coudreau empruntent, à quelques années d’intervalle, la voie des fleuves ¢ l’Oyapock et le Maroni ¢ pour pénétrer loin dans les terres, jusqu’à atteindre la mythique chaîne de montagne des Tumuc-Humac qui borde le territoire contesté avec le Brésil 1.
* Gérard Collomb, Chercheur associé au LAIOS, EHESS/ CNRS. ** Arnauld Heuret, Maître de conférences, Université Antilles-Guyane.
1. Hurault 1973. Le Maroni avait depuis longtemps alimenté les rêveries des aventuriers à la recherche d’un accès vers l’El Dorado et poussé dès 1612 l’anglais Unton Fisher à remonter le fleuve sur plusieurs centaines de kilomètres (Collomb et van den Bel, 2014).
Outre-Mers, T. 102, No 384-385 (2014)