DISCOURS
ET POLITIQUES FORESTIÈRES COLONIALES EN AFRIQUE ET À MADAGASCAR
par ANNE BERGERET
Introduction
Les contacts entre l'Afrique et l'Europe, plus intenses sur les côtes plus brutaux sur le littoral atlantique à partir du XVIe siècle avec la traite des esclaves, changèrent de nature au XIXe siècle. L'emprise sur les régions côtières se renforce considérablement, à commencer par l'Algérie, envahie par la France dès 1830. Puis, à partir des années 1880, la pénétration européenne se généralise, en une trentaine d'années seulement, à la quasi- totalité du continent africain.
Quels furent les effets de la colonisation française sur les ressources et notamment sur les ressources pérennes, arbres et forêts des pays désormais soumis à la domination coloniale ? C'est la question que nous tentons d'éclairer, essentiellement à travers les discours produits pour baliser et légitimer la prise de possession de la nature, le plus souvent supposée « », donc sans maître. Quel fut l'impact sur les sociétés soumises au choc colonial à travers la perturbation de leurs relations à la nature ? Les sociétés les plus concernées furent assurément celles qui tirent de la nature leur subsistance : sociétés agricoles et sociétés pastorales.
Dans une première partie, nous évoquons brièvement l'impact direct de la conquête sur les arbres utiles de la terre algérienne, puis le discours sur les des arbres dans ce pays, discours produit par les principaux acteurs de ce qu'on appelle aujourd'hui la société civile.
Dans une seconde partie plus étoffée, nous présentons, à titre d'exemple, deux regards d'administrateurs sur la forêt malgache. Puis nous évoquons les discours des forestiers français sur les forêts coloniales, discours qui révèlent
Rev. franc, d'hist. d'outre-mer, t. LXXIX (1993), n° 298, pp. 23 à 47.