LES RELATIONS COMMERCIALES
FRANCO- CANADIENNES
1880-1914 *
par BERNARD PÉNISSON
Si les relations culturelles ont inspiré les écrivains et les chercheurs, le commerce entre la France et le Canada dans les années 1880-1914 n'a pas fait l'objet de publications aussi nombreuses. Pourtant ce commerce existe, même s'il n'est pas très important quantitativement; il ne représente en effet qu'un à deux pour cent des échanges extérieurs respectifs de la France et du Dominion, pourcentage à peine plus élevé que celui de l'immigration française au Canada par rapport à l'immigration totale accueillie par ce pays. Mais si les diplomates français en poste au Québec déconseillent vivement l'expatriation de leurs ils encouragent par contre activement le développement du commerce avec le Canada, alors que Paris semble plus réticent sous l'influence des intérêts protectionnistes. N'y a-t-il pas cependant contradiction à vouloir développer le négoce tout en freinant le maigre filet migratoire ? De part et d'autre de l'Atlantique, des groupes de pression évoquent rituellement la solidité des liens ethniques et sentimentaux qui devraient unir les cousins francophones et leurs relations d'affaires. Mais Ottawa ne cherche-t-il pas surtout à affirmer son indépendance commerciale vis-à-vis de la Grande-Bretagne et la métropole anglaise voit-elle d'un bon œil sa colonie gagner peu à peu, par le biais du commerce, son autonomie diplomatique ? A partir des articles du journal Paris- Canada, de la correspondance du commissaire et de l'agent commercial ainsi que de celle des consuls de France au Canada, il est possible de retracer l'existence de groupes de pression, l'évolution de la politique
* Je tiens à exprimer ma vive reconnaissance à Lionel Dorge, qui a effectué de patientes et fructueuses recherches aux Archives nationales du Canada afin de m'aider à documenter solidement cet article.
Rev. franc, d'hist. d'outre-mer, t. LXXVII (1990), n° 288, pp. 35 à 73.