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Naissance d'un mot grec en 1900. Anatole France et les xénophobes

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Année 1984 8 pp. 191-195
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PIERRE VILLARD UNIVERSITÉ D'AIX-MARSEILLE

Naissance d'un mot grec en 1900. Anatole France et les xénophobes

Un mot bizarre

S'il n'est pas d'un usage très populaire, le terme de xénophobe (comme celui de xénophobie) est couramment employé *. On avouera qu'il laisse perplexe l'helléniste qui l'examine un tant soit peu et cela pour deux raisons.

La première, on va le voir, secondaire, est que l'acception courante de «qui hait l'étranger» ne correspond pas tout à fait à Pétymologie, le terme de phobos évoquant plus la peur que la haine2. Cela dit, on n'épiloguera pas sur ce point car le glissement de la notion de peur à celle de haine est fort logique3 et l'on peut aussi admettre que le sens de xénophobe, correctement compris à l'origine, a pu évoluer. Enfin, rendre phobie par «horreur de» respecterait assez bien l'étymologie 4. Quant au sens exact de «xenos», il sera examiné infra.

La seconde raison, de taille, est qu'il s'agit d'un néologisme! L'Antiquité grecque a connu xénophile qui n'était du reste qu'un nom de personne5, xénoctone, xénophone et misoxène mais pas xénophobe. Laissant pour le moment de côté une éventuelle xénophobie grecque, essayons donc de situer l'apparition de ce mot.

1. Xénophobe(ie) désignera la réalité ainsi décrite, Xénophobe(ie) le terme lui-même. A propos de l'emploi courant «savant»: M. Ebel et P. Fiala (Sous le consensus, la xénophobie, Lausanne, Institut de science politique, Mémoires et documents 16, 1983) décrivent divers emplois déformés du terme dans des débats polémiques où l'expression se trouve utilisée de façon inadéquate. Ainsi dans des lettres de lecteurs à leurs journaux quotidiens, on trouve: «Tous ces xénophones ! », «Dire avec xénophonomatique ! », «Je ne suis pas xénophobie, comme on dit!», etc. On trouve là l'effet du passage d'un terme de formation savante dans le vocabulaire courant. 2. Les dictionnaires décomposent généralement en xenos, étranger et phobos, crainte, tout en donnant comme sens «haine de l'étranger». Le Robert, les Larousse (dont le Dictionnaire Larousse de la langue française) sont dans ce cas. En revanche, V Oxford English dictionary entend par xénophoby «fear of foreign persons» et le rédacteur du Dictionnaire encyclopédique Quillet (1962) traduit phobos par « crainte ou haine », ce qui est inexact, mais scrupuleux. 3. Ainsi, R. Schor, L'opinion publique française et les étrangers dans l'entre-deux-guerres, thèse, Aix, 1980 (à paraître), passe tout naturellement de la description de réflexes de peur à celle d'attitude de haine. 4. Pour phobie, songeons que Littré, qui ignore le mot, connaît hydrophobe (déjà utilisé par A. Paré) qu'il traduit par «qui a horreur de l'eau » 5. Emploi assez différent donc, même si la science des contraires est une!

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