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Quel(s) revizor(s) pour l’émigration ?

[article]

Année 2014 14 pp. 43-52
Fait partie d'un numéro thématique : L’émigration et l’héritage classique
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QUEL(S) REVIZOR(S) POUR L’ÉMIGRATION ?

Tatiana VICTOROFF L’importance de Gogol pour l’émigration tient peut-être dans les paroles de Vladislav Khodasevitch : «nous, nous, nous : c’est le pronom personnel que Gogol décline sur tous les tons, à la différence du je, je, je pouchkinien » 1. Au moment où la diaspora en exil essaie de se reconstituer en collectivité, cette forme de discours au pluriel est en effet un des traits marquant de sa littérature qui se reconnait dans l’oeuvre d’un écrivain qui a, lui aussi, connu une forme d’exil. Son nom a pourtant, à la différence d’autres grands classiques, une résonance assez paradoxale. La grande admiration, exprimée dans les ouvrages critiques (A. Bem, D. Tchjevsky, P. Bizilli) ou dans le dialogue poétique (voir l’oeuvre de M. Tsvetaeva, I. Mandelstam, I. Severianin), est parfois troublée par une note ambiguë. Boris Zaïtsev remarque ainsi que «les émigrés ont quitté la Russie qui a enfanté Gogol » 2. Les personnages et les thèmes gogoliens qui interrogeaient, accusaient, mais aussi représentaient une Russie en décadence morale et spirituelle, reviennent pour poser à nouveau les questions les plus cruciales à cette émigration. Parmi ces personnages domine la figure du Revizor qui fait une réapparition remarquée au milieu des années 30, soit cent ans après sa naissance sous la plume du dramaturge. Cette réapparition se fait simultanément des deux côtés du rideau de fer, avec la réécriture pour le cinéma de la pièce de Gogol par Mikhaïl Boulgakov et Viktor Chklovsky en 1934, créant ainsi un pont entre les deux branches divisées de la littérature russe, et devenant un point de repère indépendant des frontières géographiques et idéologiques. Si pour Boulgakov, le Revizor est une autre façon de poser la question qu’il place dans la bouche de Woland dans le Maître et Marguerite : «les gens, ont-ils changés intérieurement ? » , pour les émigrés cette figure condense leur

1 «мы, мы, мы – вот непристанное местоимение, которое на все лады склоняет Гоголь, в отличии от пушкинсого я, я, я » . «Памяти Гоголя » ,

Возрождение, 1934, 29 марта ; «По поводу Ревизора » , Возрождение, 1935, 12 февраля.

2 «эмигранты покинули Россию, Гоголя породившую » . Voir deux essais de Zaïtsev sur Gogol : «Гоголь на Пречистенском » (Возрождение, Париж,

1931, 29 марта) et «Жизнь с Гоголем » (Современные записки, Париж, 1935,

№ 59).

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