MEFRA, t. 116 – 2004 – 1, p. 327-370. CATHERINE VIRLOUVET

LES NAVICULAIRES D’ARLES

À PROPOS DE L’INSCRIPTION PROVENANT DE BEYROUTH1 Ce n’est pas l’ensemble du dossier des naviculaires d’Arles que je prétends rouvrir ici, mais je souhaiterais revenir sur une des inscriptions les plus riches et les plus problématiques de ce dossier, celle que l’on appelle l’inscription de Beyrouth, parce qu’elle a été trouvée dans une petite localité proche de cette ville. Cette inscription pourrait éclairer, si toutefois on parvenait à en comprendre la teneur exacte, un pan des rapports entre les naviculaires et les services de la préfecture de l’annone. L’inscription de Beyrouth n’est donc qu’une pièce d’un dossier plus vaste, et qui ne concerne pas seulement les naviculaires d’Arles, mais il s’agit malgré tout d’une pièce maîtresse car la nature même du document, vraisemblablement copie d’une décision émanant des services impériaux de l’annone, en montre assez la rareté et l’importance. C’est en 1899 qu’on apporte au Père Ronzevalle, de l’Université catholique de Beyrouth, un curieux monument trouvé au sud de la ville. Il s’agit d’un plateau de bronze de 18 centimètres de rayon et de 3,5 mm d’épaisseur, travaillé au tour, orné de cercles concentriques et, sur le bord, d’une bande circulaire montrant des animaux (lévrier, gazelle, lièvre, lion, sanglier...) qui se poursuivent dans une scène de chasse. Le décor date la réalisation du plateau de l’époque mamelouk. Mais l’objet a été fabriqué à partir d’une plaque de bronze qui servait de support à une inscription d’époque romaine, dont une partie est encore lisible de l’autre côté du plateau. Comprenant l’intérêt du document, Ronzevalle envoie aussitôt une photo