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Entretien avec Veniamin lofé, président de l'Association "Le Mémorial" de Léningrad

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Entretien avec Veniamin lofé, président de l'Association "Le Mémorial" de Leningrad

■ Depuis la «perestroïka», la récupération de la mémoire historique est devenue le principal souci de beaucoup d'historiens ou de simples citoyens soviétiques. Veniamin lofé, président de l'association «Le Mémorial» de Leningrad, qui a travaillé pendant plusieurs semaines à la BDIC cet été, a pu nous parler de son association, dont la principale activité consiste précisément dans cette récupération.

Quelle a été l'attitude officielle à l'égard de l'histoire des répressions en URSS?

Officiellement, les répressions de la période stalinienne ne furent révélées qu'en 1956, par le rapport de N. Krouchtchev à une séance fermée du XXème congrès du Parti communiste de l'URSS. Mais jusqu'à il y a peu de temps encore ce rapport n'était pas publié en URSS. Quant au texte publie en Occident il était interdit de le posséder.

Après le XXème congrès il y a eu quelques écrits, surtout des oeuvres littéraires, sur les répressions, mais cela n'alla jamais très loin ; très vite ces écrits s'espacèrent, et s'arrêtèrent. Quelques personnes avaient réussi à avoir accès à des archives, mais très peu, et au bout de quelque temps il n'y en eut plus. A la fin de la période krouchtchevienne ce thème n'était plus encouragé, peu à peu il fut complètement interdit. Toute la période brejnevienne est une période de fermeture et d'occultation de ce thème. On ne commença à étudier sérieusement les répressions qu'après 1985, quand débuta la deuxième période de condamnation de Staline, et les regards furent tournés vers l'histoire politique du pays. Maintenant on peut dire que ce processus évolue d'une manière très dynamique : et il ne se borne plus à étudier les répressions des années trente, mais s'étend sur toute la période stalinienne. Il y a déjà eu des travaux importants sur ce thème. Mais ils utilisent toujours les matériaux anciens ; les sources nouvelles ne sont pas encore disponibles, et surtout on n'a pas encore accès aux archives des organes de répression. La situation est la suivante : on peut publier, maintenant — plusieurs revues le font, et bien — des travaux

sur les répressions, mais c'est le problème des sources qui reste entier. En principe on sacrifie volontiers Staline, on parle des répressions de la période stalinienne mais les écrits actuels portent un caractère plutôt littéraire et l'on est encore loin des études réellement scientifiques. Quant à l'étude des répressions post-staliniennes, la situation reste encore plus floue. Pour montrer l'ignorance dans laquelle on se trouve par rapport à notre propre passé — un passé récent — il suffit d'évoquer le débat autour d'un problème aussi important que celui du nombre des victimes des répressions.

Existe-t-il des estimations sur le nombre de ces victimes ?

Pour les victimes de la période stalinienne des estimations différentes sont avancées, allant jusqu'au chiffre de soixante millions, ce qui est probablement exagéré. On peut supposer plus raisonnablement que ce chiffre se situe autour de quarante millions. Il existe déjà à ce sujet quelques travaux, mais il n'y a pas de chiffre — même très large — sur lequel se fasse un consensus.

Dans notre pays les gens n'ont aucune idée des dimensions de ces répresssions. Si l'on avait interrogé, il y a trois ans encore, quelqu'un dans la rue, surtout un homme jeune, sur le nombre des victimes, on aurait pu aussi bien s'entendre dire : quelques milliers.

Evtouchenko l'avait déjà fait remarquer, il y a longtemps.

Oui, il en a parlé. Mais ce qui est tout à fait caractéristique, c'est que Gorbatchev lui-même, dans un rapport d'il y a un an, a dit que les répressions ont frappé des centaines de milliers de personnes, alors qu'il s'agit de dizaines de millions.

Quel a été le nombre réel des victimes et quel a été le nombre des morts ? Un jour on arrivera peut-être à le savoir avec plus ou moins de précision. Mais on en est encore loin. En tout cas il s'agit de dizaines de millions, même d'après les estimations les plus prudentes. L'activité du Mémorial contribuera à rétablir la vérité.

Quelle est l'histoire de votre association ?

L'idée du Mémorial est apparue en été 1988, chez des jeunes gens de la ville de Moscou. Le projet de départ était la construction d'un monument à la mémoire des victimes des répressions et la recherche des moyens nécessaires pour l'édification d'un tel monument. Des groupes d'initiative furent formés et leur première action fut de procéder à un sondage dans les rues de Moscou en demandant aux habitants de la capitale d'indiquer les noms de personnes qui devraient, selon eux, faire partie d'un Conseil destiné à diriger une telle entreprise. Par ce sondage, qui fut massif, on recueillit les noms d'un vingtaine de personnalités, parmi les plus populaires en URSS actuellement, comme, par exemple, l'académicien Andrei Sakharov, Boris Eltsine, Alexandre Soljénitsyne, d'autres comme Koriakine, Evtochenko, Afanasiev, Rybakov. Le groupe d'initiative des jeunes s'adressa à ces personnes qui, toutes, donnèrent leur accord, sauf Soljénitsyne qui répondit au télégramme qu'on lui avait envoyé par un autre télégramme dans lequel il disait qué pour lui le problème de la participation à une action publique quelconque en URSS ne pouvait se poser qu'après la publication, dans ce pays, de son livre «L'Archipel du Goulag» et l'abolition du décret le privant de la citoyenneté soviétique. Toutes les autres personnalités pressenties entrèrent au Conseil qui devint l'autorité morale suprême du Mémorial. En octobre 1988 fut convoquée la première conférence fédérale du Mémorial. Cette conférence avait pour but de préparer l'organisation du Mémorial en une grande formation. Des représentants de dizaines de villes d'URSS y prirent part, villes où dès l'été 1988 s'étaient créés, de leur côté, des groupes d'initiative. Ces groupes avaient réalisé un travail important. Ils plaçaient des postes d'observation aux points névralgiques des cités, exposaient des affiches, des banderoles et des photos décrivant les répressions, expliquaient la nécessité de créer un monument à la mémoire des victimes de ces répressions.

La conférence d'octobre fit appa-

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