Robert ROUDIL
Technologie traditionnelle de la faux à Melezet (Val de Suse, Piémont )
Cet article se borne à une courte étude technologique, celle de la faux et de tous les outils accessoires qui permettent à son utilisateur de l'entretenir : l'enclumette, le marteau, le coffin et le queux (la pierre). Il rend brièvement compte des attitudes de l'utilisateur pendant le port de ses outils et pendant son travail. Notre étude n'est pas fondée sur une enquête exhaustive (1) puisque, d'une part, le nombre des informateurs est réduit et que, d'autre part, elle n'aborde pas le domaine potentiel des légendes et anecdotes rattachées à la fauchaison à Melezet. Elle est basée sur l'observation du travail (fauchage, aiguisage, martelage et réglage de la faux), jointe à une participation effective sur une discussion et un questionnaire libres. Conjointement à la leur propre, les deux principaux informateurs ont fait part de l'expérience du «pays » dans son ensemble. Ce sont : Camille N., 85 ans, cultivateur (outillage traditionnel, plus cheval) ; Lorenzo F., 49 ans, cultivateur et employé de la société des remonte-pentes (outillage traditionnel, plus moto-faucheuse, plus mini-tracteur de montagne, plus tronçonneuse).
I -La faux
La lame (dessin A)
La faux se dit l'da (2). Le mot recouvre à la fois la désignation de l'outil dans son ensemble et plus précisément la lame, qui se compose de quatre parties. L'da est la lame proprement dite, c'est-à-dire la partie tranchante. La lame est parcourue sur le bord extérieur courbe d'une nervure de tenue et de protection, le cote (a). Cette nervure s'aplatit et s'affine «sur 10 à 5 cm en arrivant à la pointe de la faux, le pounte(b ), opposée sur l'axe du fil au talon, Vtaloun (c). La lame est raccordée au manche par une patte de fixation (d) formant un angle de 45° environ par rapport à l'a-plat du da. Cette patte de fixation est munie au dos de son extrémité d'une protubérance rectangulaire formant bec (e) qui se fiche sous le bout du manche de la faux, dans une petite cavité. Le béquillon aménage, en fait, par une entrée en force, la cavité imprimée au poinçon ou creusée au ciseau par l'utilisateur ou le fabricant.
(1) Enquête réalisée à Melezet (altitude : 1 360 m), dans l'été 1975.
(2 ) La consonance des termes dialectaux du melejni-e (le dialecte de Melezet, tel que le nomment les habitants) est transcrite en graphie francisante, r gras note un/-dévibré qui se prononce en posant la pointe de la langue derrière les dents. Les autres r sont roulés. Chaque terme est précédé de son article défini : /' pour le masculin, le pour le féminin singulier, lé pour le pluriel.
LE MONDE ALPIN ET RHODANIEN
