POUR UNE DESCENTE EN HELL

Sevrer. Hort. (1660). Séparer du pied mère (une marcotte, un greffon).

Petit Robert

Donne1 est la geste éprouvante de la formation de son héros-narrateur: Hell. Cette épopée du dedans emprunte au genre traditionnel l'usage de la formule, mais poussé à l'extrême, en ce qu'il prend en charge la sémiotique même du texte, et plus particulièrement son niveau actantiel. Les personnages incarnent physiquement les rôles qui leurs sont révolus en des formules mythologiques dont les principales sont des arcanes majeurs du Tarot. A Epinal, Hell est le page d'une grande dame, Donne, qui lui accorde la faveur manducatoire de son pied gauche. Il incarne alors le diable du tarot dont l'impulsivité va le perdre : exigeant le cou et le nez, puis le pied droit, il défie la loi que promulgue le puissant Hans, l'amant en titre de Donne. Mais sa faute réside surtout dans l'indiscrétion — suscitée par Herr, l'illicite prétendant de Donne — qui le pousse à livrer au commérage mondain le secret d'une imperfection du corps de Donne : deux taches au visage. Celles-ci, reprises en écho par le cortège burlesque des cinq scoliastes : Harnach, Hansénius, Heinsus, Hésius et Hesne ou Henné, lui reviennent toujours amplifiées. Elle l'amèneront à se figurer Donne rongée par la lèpre. La réponse de Donne est une série de représailles dont la gravité va croissant. Elle lui ôte d'abord le Pied, qu'elle remplace par les cinq doigts de la main droite, puis, successivement, les sept lettres : 1, n, k, s, iou, qui semblent recouvrir d'importantes significations. Hell, linguistiquement mutilé, sera ensuite destitué et chassé sur l'intervention décisive de Hans. Entre-temps, les pouvoirs de Hans et de Donne ont crû sous les figures tarotiques de l'Empereur puis du Pape, de la Papesse puis de l'Impératrice, cependant

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