Michel Mathieu-Colas Laboratoire de Linguistique Informatique (LLI) Université Paris 13, CNRS-INaLF, UMR 7546
ILLUSTRATION D'UNE CLASSE D'OBJETS LES VOIES DE COMMUNICATION
Nous voudrions montrer ici, sur un exemple précis, la façon dont nous concevons la description des classes d'objets : l'identification des arguments et des prédicats appropriés, la structuration des données, l'organisation des fichiers. Le choix des voies de communication est dicté, en partie, par des considérations pratiques : leur nomenclature et leur syntaxe sont clairement structurées, tout en étant suffisamment restreintes pour se prêter, dans le cadre d'un article, à une présentation détaillée.
D'autres classes ont déjà donné lieu à des analyses approfondies : les prédicats d'événements, de sentiments, de grandeurs, les écrits, les noms de vêtements, etc l. Ces travaux ne reposent pas sur de vagues intuitions, mais s'appuient au contraire — et c'est ce qui les distingue — sur des masses de données lexicales patiemment accumulées. C'est cette partie cachée de l'iceberg que nous voudrions dévoiler ici : ouvrir les fichiers, mettre au jour les inventaires pour mieux expliciter le contenu et le fonctionnement des classes.
Conformément à nos options, nous partirons d'une définition syntaxique minimale des voies de communication. S'il est difficile de trouver un prédicat qui, à lui seul, soit nécessaire et suffisant pour caractériser la classe, la discrimination est possible avec la conjonction de plusieurs prédicats. Considérons ainsi les trois structures suivantes :
(i)
<hum>
aller quelque part par
<voie>
(ii)
<hum>
prendre
<voie>
(pour aller quelque part) (iii)
<voie>
être impraticable
Les constructions (i) et (ii) permettent de circonscrire, simultanément, les voies de communication et un sous-ensemble des moyens de transport 2 :
Тот est allé dans le midi par (l'autoroute, le train) Тот a pris (l'autoroute, le train) pour aller dans le midi
ce qui apparaît clairement si l'on fait varier la classe des compléments :
Тот est allé dans le midi par (le plus grand des hasards, une belle journée de mars)
1. Voir entre autres Gross et Kiefer 1995, Le Pesant 1994 et 1996, Y. Mathieu 1994, Рак 1997, Vives 1997 et, dans le présent numéro, les articles de Ferenc Kiefer et de Robert Vives. Pour des travaux antérieurs, voir l'article d'introduction, note 4. 2 . Les deux classes sont très proches du point de vue syntaxique, notamment pour ce qui est des verbes . On pourra l'observer de manière plus précise en examinant les tableaux que nous donnons infra, en 2.1. : une proportion non négligeable de verbes appropriés aux voies peut s'appliquer, mutatis mutandis, aux moyens de transport. La proximité est particulièrement frappante pour les transports collectifs (desservir, emprunter, etc.) ; c'est le cas, ici même, de l'expression aller par (le train, l'avion, *la voiture, * le vélo).
77
