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Naissance du concept de barbare

[article]

Année 1984 9 pp. 5-14
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Naissance du concept de barbare (*)

Dans la Grèce classique le mot barbaros présente une double valeur : il correspond à une notion objective, descriptive, qui désigne les non-Grecs, d’abord linguistiquement, puis aussi ethniquement et même géographiquement (') ; Platon, dans le Politique, critiquera cette dichotomie singulière, qui oppose ainsi une petite partie au reste du monde (2). D’autre part, le mot se réfère également à un «anti-modèle» culturel, qui suggère le despotisme et la servilité, le luxe excessif, la cruauté et la grossièreté (3), auxquels s’ajoute depuis la deuxième guerre médique l’idée d’ennemi héréditaire (4) ; et cet emploi péjoratif est généralement considéré comme dérivé de l’autre (5).

La «préhistoire» ou l’«archéologie» du terme, du vme au vie siècle, période où il n’est attesté avec contexte (6) que dans cinq passages (7), permet d’expliquer cette double valeur et de déterminer le lien chronologique et logique qui les unit, en considérant non seulement le mot lui-même, mais aussi les autres moyens d’exprimer la notion de non-Grecs.

I. Le mot lui-même

Comme il ne parait pas attesté avec certitude en linéaire B, le point de départ obligé est le passage du Catalogue des Troyens, où Homère qualifie les Cariens de Barbarophones (8). Le terme, amplement

(*) Panni les nombreux travaux consacrés aux Barbares signalons : R. Zahn, Die Darstellung der Barbaren in Griechischer Literatur und Kunst der Vorhellenistischer Zeit, Heidelberg, 1896 ; A. Eichorn, βάρβαρος quid significaverit , Leipzig, 1904 ; J. Jüthner, Hellenen und Barbaren, Das Erbe der Alten, 2e série, 8, Leipzig, 1923 ; H. Bengtson, «Hellenen und Barbaren», Unser Geschichtsbild, éd. K. Rüdiger, I, Munich, 1954, pp. 25-40 ; Fondation Hardt, Entretiens sur l’Antiquité classique, VIII, Grecs et Barbares, Vandœuvres-Genève, 1962, avec notamment les contributions de H. Schwabl, «Das Bild der Fremden Welt bei den frühen Griechen», pp. 1-36, et de H. Diller, «Die Hellenen-Barbaren-Antithèse im Zeitalter der Perserkriege», pp. 39-82 ; I. WfeiLER, «Greek and Non-Greek World in the Archaic Period», GRBS, 9, 1968, pp. 21-29 ; Y. Thébert, «Réflexion sur l’utilisation du concept d’étranger : évolution et fonction de l’image du Barbare à Athènes à l’époque classique», Diogène, 1 12, 1980, pp. 96-1 15 ; F. Skoda, «Histoire du mot βάρβαρος jusqu’au début de l’ère chrétienne», Actes du Colloque franco-polonais d’histoire, Nice-Antibes, 6-9 novembre 1980, 1981, pp. 111-126.

(1) Ainsi, par exemple, lorsque Euripide évoque les βαρβάρου ποταμού poai, Hélène, 407, ou les βαρβάροις πελάγεσιν, Hélène, 1210.

(2) Platon, Politique, 262 c-d, où le philosophe rappelle entre autres que ces innombrables peuples qualifiés de barbares n’ont pas de langue commune : ils sont άσυμφώνοις προς άλληλα.

(3) Cf. F. Skoda, loc. cit, pp.120-123.

(4) Cf. Hérodote, I, 1-5 ; J. Jüthner, loc. cit., p. 3, parle à’Erbfeindschaft.

(5) Cf. e.g. H. Diller, loc. cit., p. 44 (à propos des Perses d’Eschyle et des Histoires d’Hérodote) ·. «In der Mehrzahl der Falle bleibt das Wort Barbaren auch jetzt wertfrei», et F. Skoda, loc. cit., p. 118 : «Jusqu’au milieu du Ve siècle avant J.-C. βάρβαρος ne présente pas vraiment de nuances péjoratives».

(6) On négligera les exemples de Corinne, D. L. Page, Poetae melici graeci, Oxford, 1962, 655, fr. 4, 4 : βάρβαρον (sans contexte), et de Simonide, D. L. Page, Epigrammata graeca, Oxford, 1975, XIX a, où υπό χειρός ... βαρβαρικής se réfère à la bataille de Salamine, et E. Diehl, Anthologia lyrica, 52, 106a, 3, où βάρβαρα νικήσαντας έθνη est une allusion à la victoire d’Himère.

(7) Homère, Iliade, II, 867 ; Héraclite, DK, I6, 22 B 107 ; Anacréon, D. L. Page, Supplementum Lyricis Graecis, Oxford, 1974, 313, 6 ; oracle de Delphes (à Battos), qui daterait de la fin du vie siècle, H. W. Parke et D. E. W. Wormell, The Delphic Oracle, II, Oxford, 1956, n° 71 = Diodore de Sicile, VIII, 29, 1 ; et Hécatée, F. Jacoby, Die Fragmente der griechischen Historiker, I, Berlin, 1927, 1, F 119 = Strabon, VII, 7, 1.

(8) Homère, Iliade, II, 867 : Νάοτης ai Καρών ηγήσατο βαρβαροφώνων.

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