Le saut du Gol,

dans le sud de l'île Pentecôte aux Nouvelles-Hébrides

Le rituel indigène le plus spectaculaire de toutes les Nouvelles-Hébrides, est sans aucun doute le Gol, ou plongeon terrestre. Si nous en croyons Jean Gui?rt, cette cérémonie semble avoir été jadis pratiquée dans d'autres îles ; mais elle n'e*t plus en usage que dans la partie sud de Pentecôte.

Bien que l'auteur ait assisté en octobre 1968^et en novembre 1969 à deux sauts exécutés à Martelli Bay, pour des touristes, par des indigènes christianisés, aidés de quelques païens, cet article décrit un saut cérémoniel exécuté par des Hébridais non-chrétiens de Bunlap, ainsi que par des gens des villages voisins de Pohurur, Pangbanglap, Lombue et Bilaut, le 18 mai 1970.

Une légende est rattachée à ce saut. Elle comporte d'ailleurs quelques variantes. La mythologie du sud de Pentecôte rapporte qu'un homme maltraitait sa femme, de diverses manières, en la séquestrant par exemple. Elle s'enfuit plusieurs fois. Ces escapades vont de trois à douze selon les versions entendues. Mais chaque fois, son mari la rattrapait. Lors de la dernière faite, elle grimpa à un cocotier, d'autres versions parlent d'un banian. La voyant dans l'arbre, l'homme commença à y grimper pour l'attraper. On ne nous dit pas s'il agissait de son propre gré ou s'il avait été défié par sa femme. Sans que son mari le sache, celle-ci s'était attachée des lianes aux chevilles ; c'est-à-dire qu'elle avait fendu l'arbre à son sommet, y avait attaché des lanières qu'elle s'était fixées aux chevilles. Juste au moment où son mari l'attrapait, elle sauta. Dans une autre version, la femme conseille à l'homme de sauter après elle si vraiment il la désire. En voyant la femme sauter sans se faire mal, mais n'ayant pas compris l'astuce employée par elle, l'homme sauta à son tour et se tua. D'après le résident Pierre Anthonioz, l'homme se nommait Tamalié et appartenait au clan des ignames de la tribu de Bonwulwul.

La cérémonie de saut est ordinairement annuelle. Mais elle est parfois supprimée s'il y a trop de travail en cours, trop de forêt à débroussailler, de huttes individuelles ou de maisons d'hommes à construire, ou encore trop d'hommes absents, engagés qu'ils sont souvent dans des plantations ou pour d'autres travaux à Santo, Lamap, Malekula, Ambrym ou sur la côte ouest de Pentecôte. Normalement le saut a lieu au mois de mai, peu après la récolte des premières ignames.

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