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Les Indiens Tukano et les colonies indigènes

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206 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES

LES INDIENS TUKANO ET LES COLONIES INDIGÈNES

La démarcation, sous forme de colonies indigènes et de réserves forestières, proposée par le Conseil National de Sécurité (CNS) pour l'aire indigène de Pari Cachoeira (région du Haut Rio Negro, État d'Amazonas), seule forme de démarcation envisageable selon lui en raison de sa localisation frontalière et du degré d'acculturation des Indiens Tukano, a finalement été acceptée par les communautés indigènes de la région dans la mesure où cette démarcation leur garantissait la superficie totale de 1 152 000 ha qu'elles revendiquaient depuis plus de 17 ans.

Un groupe de travail, créé par l'arrêté n° 1902 du 09/07/1987 et formé de plusieurs anthropologues de la FUNAI, réalisa du 20 juillet au 21 août 1987, un relevé de données socio-économiques dans la région de Pari Cachoeira qui devait servir à l'élaboration des formes d'action gouvernementales visant le développement socio-économique des aires démarquées comme colonies indigènes. Il convient de souligner que cette étude fut réalisée, non seulement bien avant la promulgation, par le Président José Sarney, du décret 94.946/87 créant la « colonie indigène » et la procédure pour identifier Taire indigène à démarquer mais également avant la publication, par le Président de la FUNAI (voir arrêté n° 0520/88), des critères d'évalution du degré d'acculturation des Indiens sur lesquels repose, théoriquement, la définition d'aires indigènes comme colonies indigènes. En d'autres termes, et cela a été d'ailleurs dénoncé à plusieurs reprises par des anthropologues de la FUNAI dont la plupart ont été démis de leur fonction, la définition de l'aire indigène de Pari Cachoeira comme colonie indigène a été décidée en l'absence de toute réglementation et sans tenir compte non plus des conclusions des anthropologues participant au recueil des données. Dans une lettre adressée au Surintendant de la FUNAI à Manaus (Sebastiào Amâncio da Costa) (voir Informaçâo n° 005/DPI/5a. SUER/87 du 9 décembre 1987), l'anthropologue Celso Lourenço Moreira Corrêa dénonçait ainsi, outre les falsifications du rapport établi par les anthropologues après leur mission, dont les informations allaient servir à l'élaboration, par un Groupe de Travail Interministériel, d'un « Plan d'Action Préliminaire » pour la région de Pari Cachoeira, les irrégularités commises tout au long du processus de régularisation de Pari Cachoeira comme colonie indigène. Il considérait, de plus, que « bien que les critères d'évaluation du degré d'acculturation des Indiens n'aient pas [encore] été fixés par la FUNAI et dans la mesure où la proposition de colonie indigène a déjà été faite, il convient de dire qu'à mon avis les communautés indigènes de Pari Cachoeira ne relèvent pas du dispositif de l'item 2 de l'article 1 du décret [94.946/87] dans la mesure où de nombreuses communautés indigènes ne parlent pas ia langue portugaise (...) (p. 08). Dans une lettre adressée a ia Surintendance de Manaus, le chef de la Division d'Identification et de Délimitation de la FUNAI, Artur Nobre Mendes (voir lettre du 12/01/88 n° 004/DID/88), remet en cause la définition de Pan Cachoeira comme colonie indigène, car elle est l'habitat de 13 groupes indigènes distincts de différents niveaux d'acculturation, allant des

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