TERRITOIRES : MÉMOIRE ET FORMES DU CROIRE
Martine HOVANESSIAN (CNRS/Société, Droit et Religion en Europe)
"Etrangement, c'est une série de ruptures et de discontinuités dans l'espace qui figure la continuité du temps. "
Marc Augé, Non-lieux, introduction à une anthropologie
de la surmodernité
Une enquête de longue durée menée en région parisienne sur la minori¬ té arménienne (1 ), a permis d'analyser le rapport noué entre territoire et mémoire. Les tentatives de sédentarisation de ce groupe se sont accompa¬ gnées dès les années 1930 par la mise en place d'organisations internes (politiques et religieuses) permettant de maintenir à travers ce marquage spatial, une "conscience d'être ensemble", de rétablir un principe de généra¬ tion et une durée dans les processus de transmission. En effet, cette perma¬ nence sur un territoire a favorisé un déploiement de pratiques sociales, la formulation de projets collectifs et leur réinterprétation par les générations nées de l'exil qui s'y sont succédées.
La mise au jour de logiques internes rend compte des modes d'intériori¬ sation collective de la rupture, donnant lieu à des formes du croire en un re¬ tour, au sentiment d'une pérennité de la mémoire collective. On pourrait in¬ terpréter "ces procédures de légitimation" d'un héritage singulier, comme
1 Martine HOVANESSIAN, Le lien communautaire-Trois générations d'Arméniens, Amiand Colin, 1992.
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