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L'otage. L'excision en cours d'assises

[article]

Année 1989 37-38 pp. 115-117
Fait partie d'un numéro thématique : La valorisation de la recherche
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L'OTAGE L'excision en cour d'assises

Nicole ECHARD (C.N.R.S.)

Les 3 et 4 octobre 1989 s'est déroulé en cour d'assises à Paris le procès d'une jeune femme malienne, Fofana Dalla, Madame Traoré, accusée de "complicité de violences volontaires à enfant de moins de quinze ans ayant entraîné une mutilation". Elle avait fait pratiquer sur sa fille, Assa, une clitoridectomie accompagnée de l'ablation des nymphes. Elle a été condamnée à trois ans de prison avec sursis. Ayant assisté à ce procès auquel des ethno¬ logues étaient cités comme témoins, je dirai ici quelle lecture j'en ai faite.

La cour d'assises est un lieu qu'on peut qualifier de théâtral ou de re¬ ligieux, la scène ou le choeur, très vaste, étant occupé par les acteurs, les officiants, tandis que le public, réduit au silence durant ce rite qu'est un procès, est installé dans ce qui reste de l'espace. L'inculpée, jeune et élégante, et enceinte, est assistée d'un interprète soninke et de deux avocats, l'un blanc, l'autre noir, tous des hommes. Leur font face les avocates des parties civiles, -S.O.S. Femmes-Alternative, Enfance et partage, la Commission internationale pour l'abolition des mutilations sexuelles et la Confédération pour le planning familial -, toutes des femmes. Dix jurés ont été tirés au sort dont sept femmes. L'enfant mutilée, Assa, cinq ans, est assise aux côtés de son père au premier rang des bancs réservés au public. Elle assistera aux deux longues journées du procès tantôt dormant, tantôt jouant avec le public dans la salle. Faut-il penser que sa présence constitue un argument en faveur de l'innocuité des mutilations sexuelles ?

Fofana Dalla est née vers 1963 dans un village soninke du Mali. Elle n'a pas été scolarisée et ne s'exprime pas en français. Mariée à quinze ans environ, en 1978, à Mahamet Traoré, originaire du même village et de dix ans son aîné conformément aux normes sociales locales, elle accouche d'une fille qui sera excisée et restera au Mali. C'est en 1982 que Fofana Dalla arrivera en France.

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