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Comment faire ? Entretien

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Interviewer :
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Fait partie d'un numéro thématique : Formes
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ENTRETIEN

Comment faire? Entretien avec Pierre Wat

Pierre Buraglio

Pierre Wat -L'idée de départ de cet entretien -pour une revue qui s 'intéresse à la critique génétique, à la façon dont une œuvre se fait, au «comment ça se fait » -c'est de concentrer notre discussion sur une œuvre précise qui appartient à la série des «dessins d'après», une pratique que vous avez développée depuis maintenant une vingtaine d'années. L'œuvre en question est de 1990 et s'appelle Dessin d'après la chute de saint Paul du Caravage (voir fig. 1). C'est un dessin d'un assez grand format, puisqu'il fait 121 x93 cm. Pour introduire notre discussion, pouvez-vous me dire ce qui a présidé au choix de ce tableau-là, en particulier, pour faire un «dessin d'après» ? Mais aussi, de façon générale, qu'est-ce qui vous amène à décider du choix d'une œuvre pour les «dessins d'après » ?

Pierre Buraglio -Dans le cas présent, dans ces années-là, j'ai demandé un peu à mon entourage de me faire des suggestions. Pour ce tableau, c'est Dominique Fourcade qui m'avait suggéré ce Caravage qui est à Santa-Maria del Popolo. Je l'avais vu jeune (enfin vers 35 ans) puis l'ai revu, regardé. Un autre exemple, qui a donné un dessin assez fort, je crois, est le Jockey blessé de Degas (que j'ai vu par la suite à Bâle), sur une proposition de Dominique Bozo.

Donc, à l'époque, vous laissiez d'autres vous suggérer la

. T. _ _ -O

criose :

Dans bien des cas, oui. Je suis assez docile.

Et vous acceptiez systématiquement la suggestion, c 'était comme une sorte de contrainte que vous vous imposiez ?

Oui, sans doute des contraintes. Le Jockey blessé , par sa composition, ne me faisait pas trop problème et d'em¬ blée je pouvais accepter. D'ailleurs D. Bozo l'avait suggéré, fort des dessins antérieurs qu'il connaissait. En revanche, le Caravage, je l'acceptais comme contrainte, parce que la proposition m'était un peu étrangère, si l'on se réfère à un certain nombre de tableaux d'après lesquels

j'avais travaillé. Ce qui a contribué aussi à ce que j'ac¬ cepte, me saisisse de cette opportunité, c'est le fait qu'un homme que j'avais connu dans le cadre du Prix Fénéon, André Berne-Joffroy, était venu me rendre visite à l'ate¬ lier en 1984 et m'avait apporté la première version de son livre étonnant, Le Dossier Caravage1. Tout ça a fait son chemin -ce n'était pas aller contre soi. Admettre la diffi¬ culté : c'est autre chose. Dans le cadre du musée des Beaux-Arts de Lyon, lorsque je me suis attelé à la Lucrèce de Cagnacci -sur proposition d'un ami, Jacques Guerard, j'ai senti que j'allais rencontrer une grande difficulté de l'ordre de l'habileté, au sens le plus traditionnel du métier de «dessinateur classique». Il s'agit d'une tête d'adoles¬ cente ; qui plus est, elle ressemble à Vanessa Paradis, c'est pour vous dire mon cher Monsieur ! Je m'en suis saisi parce que j'avais cru (et je me suis trompé) que j'allais déve¬ lopper le thème de Lucrèce que j'associais évidemment à la figure antinomique de Judith... Et puis bon, c'en est resté là. Je dois répondre à l'incitation, sinon commande qui m'a été faite, qui rassemble des artistes autour des «Femmes de la Bible ». C'est un peu à la mode, mais bref, j'ai accepté. Eh bien le personnage -aussi parce que les autres étaient déjà pris -est Dalila. Il va de soi que je me reporte à la Bible, à ce que je sais, à ce que j'ai pu lire et aux souvenirs que j'en aie. C'est le personnage même, avec la réflexion qu'on peut mener autour, qui m'intéresse. Et peut-être vais-je dessiner d'après, ou Lucas Cranach, ou Rubens, ou... L'histoire de l'art en est riche. Je viens de voir avec Dominique A., à Londres, un Rubens, que je ne retiendrai pas, car pour l'instant j'ai en tête le Cranach. Il est vrai que le sujet, au moins consciemment, me retient davantage aujourd'hui. Il y a quelques années, les sujets ressortissant de l'iconographie chrétienne (alors que j'avais pris dans ma vie la plus grande distance vis-à-vis de la reli-

1 . André Berne-Joffroy, Le Dossier Caravage , Flammarion, coll. «Idées et Recherches », 2000.

Genesis 24, 2004

©

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