LE TABLEAU PARLANT SELON DIDEROT LES DEBUTS D'UNE NOUVELLE CONCEPTION ESTHETIQUE
Car ce bleu propre à Cézanne est de cette origine, il provient du bleu du 18e siècle que Chardin a dépouillé de toute prétention et qui chez Cézanne ne contient plus aucune connotation. Ici Chardin a été, dans un sens bien plus large, l'intermédiaire [...].
(Rilke : Lettre du 8 octobre 1907 J
Car c'est en mettant les couleurs qu'on observe l'amitié ou l'antipathie qui est entre elles, leur union et leur douceur [...]. (Félibien : Des principes de l'architecture, de la sculpture, de la peinture, 1676)
Dans la réflexion esthétique de Diderot une relation ternaire peut être (re)construite entre voir, entendre et toucher (je prends ici le mot toucher dans l'acception métaphorique, celle de sentiment, d'affectivité). Diderot donne une idée des perceptions qui le distingue clairement du Leibniz des Nouveaux Essais sur l'entendement humain. Pour Leibniz, tant que la pensée n'intervient pas dans l'impression que font les corps sur nos sens, nous restons réduits aux petites perceptions, que nous partageons avec les animaux. On passe de la simple perception sensible à Yaperception grâce à l'élément de la réflexion :
La perception de la lumière ou de la couleur, par exemple, dont nous nous apercevons, est composée de quantité de petites perceptions, dont nous ne nous apercevons pas, un bruit dont nous avons perception, mais où nous ne prenons point garde, devient aperceptible par une petite addition ou augmentation. (Nouveaux Essais II. 9)