Industrialisation et urbanisation en Côte-d' Ivoire. Contribution
géographique à l'étude de l'accumulation urbaine*
Alain Dubresson
Université de Paris X-Nanterre
Article paru initialement en juin 1988
Les traits saillants qui singularisent habituellement la Côte-d' Ivoire par rapport aux États ouest-africains - croissance économique soutenue de l'après-guerre à l'aube des années 80, dynamisme de l'économie de plantation, stabilité du pouvoir d'État, mise en œuvre volontariste des choix fondamentaux de développement - ne circonscrivent pas l'originalité du pays. Les croissances urbaine et industrielle y sont en effet d'autant plus remarquables que l'accroissement démographique a été exceptionnel depuis les années 50. Or, à la brutale accélération du peuplement correspondent des rythmes d'urbanisation et d'industrialisation beaucoup plus soutenus qu'ailleurs. Longtemps sous-urbanisée, la Côte- d' Ivoire se distingue par la vitesse de la croissance urbaine, le pourcentage de citadins y est passé de 15,4 % en 1950 à 32 % en 1975; en 1987, un habitant sur deux réside en ville et à l'horizon 2000, 60 % de la population seront urbanisés. Un changement d'échelle, rapide et fondamental pour le devenir du pays, est en cours. Jusqu'à la première grande rupture de croissance économique, au début
de la troisième décennie de l'indépendance, la vigueur de l'industrialisation a été tout aussi impressionnante, au point que l'édification continue de l'appareil de production place la Côte-d' Ivoire au 3e rang des États d'Afrique noire dans le domaine de la production manufacturière stricto sensu. Ainsi apparaît, sur une durée relativement significative, une concomitance des rythmicités entre industrialisation et urbanisation. Les relations de détermination réciproques entre celle-ci et celle-là constituent notre objet d'étude.
Comme ailleurs en Afrique noire, à de rares exceptions, la pose de la trame urbaine n'a aucun rapport avec le processus d'industrialisation, mais cela ne signifie nullement que l'inscription spatiale et les effets de ce dernier soient l'une sans liens avec les mécanismes de l'urbanisation, l'autre sans conséquences sur la dynamique des villes. Comment la concomitance des vitesses est-elle inscrite dans l'espace ivoirien? En quoi les acteurs et les mécanismes générateurs de l'urbanisation rendent-ils compte de la
* Thèse pour le doctorat es Lettres et Sciences humaines, soutenue le 15 janvier 1988, Université Paris X-Nanterre, sous la direction de P. Pélissier, 3 1., 1209 p, 134 fig, 271 tab. ; Annexes (61 p.) et 13 figures hors-texte. Publiée sous le titre Villes et industries en Côte d'Ivoire, Paris, Karthela, 1989, 848 p.
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L'information géographique - Hors série Afrique
