Hommes et Terres du Nord 1987-4, p. 235 à 239

L'organisation locale du tourisme en Suisse et en Autriche :

le rôle des sociétés de développement et des syndicats d'intérêt touristique

par J. HERBIN

Université de Grenoble I Laboratoire de la Montagne Alpine

Par rapport à la France où les milieux touristiques apparaissent mal structurés au niveau local (les S.l. et O.T. n'ont ni le statut juridique, ni, en général, les moyens financiers et humains qui leur permettraient de remplir correctement les missions qui leur sont assi¬ gnées) deux pays voisins de l'arc alpin comme la Suisse et l'Autriche -riches d'une plus grande expé¬ rience touristique, de pratiques administratives basées sur le principe de la décentralisation et d'une vie poli¬ tique accordant une place essentielle à l'initiative com¬ munale -nous apparaissent exemplaires sur le plan de l'organisation locale du tourisme. Dans chacun de ces deux pays (mais surtout en Autriche qui est pro¬ bablement, de toutes les grandes nations touristiques, celle qui dispose des structures locales du tourisme les plus solides) il existe en effet dans chaque com¬ mune touristique, aussi petite soit-elle, une organisa¬ tion parapublique qui prend en charge le dévelop¬ pement touristique et à laquelle adhèrent tous les milieux locaux intéressés individuellement ou collec¬ tivement par cette activité.

Nous hésitons à traduire simplement par «Office du Tourisme» ou «Syndicat d'initiatives» ces organismes aux noms divers («Société de développement» en Suisse de langue française, «Kurverein» ou «Verkehrs¬

verein» en Suisse de langue allemande, «Fremden¬ verkehrsverband» ou «Fremdenverkehrsverein» en Autriche) destinés à rassembler et à faire collaborer les intérêts touristiques locaux, tant, à la différence de leurs homologues français, ils peuvent jouer un rôle considérable dans la vie touristique locale, en matière de décision comme en matière d'investissement: outre les tâches d'animation et de promotion qui leurs sont normalement dévolues, ils participent parfois d'une manière significative (surtout en Autriche) au financement des divers équipements sportifs ou récréatifs nécessaires à une station.

1 . Les sociétés de développement des stations de Suisse romande

Sur le plan juridique, elles sont des «associations de droit privé et d'intérêt général» régies par les arti¬ cles 60 et suivants du Code civil suisse.

Leur but est fixé d'une manière très générale: «facili¬ ter le séjour des hôtes et promouvoir l'essor du tou¬ risme dans leur rayon d'activité». Celui-ci correspond en général au territoire d'une commune; mais une commune étendue comme le Val de Bagnes, dans le Valais, compte trois sociétés de développement dis¬ tinctes (Verbier, Bruson et Fionnay). Pour être officiel¬ lement reconnue, une telle société doit, en principe, disposer dans son rayon d'activité d'au moins 1 00 lits au bénéfice d'une patente ou 400 lits dans les rési¬ dences secondaires.

Elles sont constituées sur le principe de l'engagement volontaire : peuvent y adhérer toutes les personnes et toutes les entreprises qui acceptent les statuts et s'engagent au paiement de la cotisation. La com¬ mune, qui subventionne généralement la société, est membre de droit et elle est représentée dans le con¬ seil d'administration.

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