Le cinéma tunisien des années 90, permanences et spécificités

Tahar Chikhaoui

II serait quelque peu artificiel, voire franchement vain, de vouloir analyser le cinéma tunisien, d'un point de vue strictement esthétique. La raison, simple et terrible, en est la fragilité de la production. L'approche n'a de sens, donc, que si la question du cinéma tunisien est posée d'une manière plus globale. Interroger les films dans leur matière même, dans leur forme d'expression esthétique, ne mènerait pas très loin. Quel que soit la limite le film envisagé, tout se ramène à la question lancinante, de la faiblesse de la production. Comment donc réfléchir sur une cinématographie dont le rythme de production est de deux films par an sans en interroger les œuvres dans ce qui les rattache au contexte général et qui puisse aider à cerner la question. Une observation des années 90 nous permettra ainsi de dégager les grandes caractéristiques de la décennie. À y regarder de près, nous verrons qu'aussi bien celles que les années 90 partagent avec les années 80 que celles qui lui sont spécifiques sont en définitives révélatrices de cette problématique. Elles le sont évidemment à la manière tunisienne, mais elles le sont quand même.