remarques sur quelques problèmes de la théorie marxiste des classes

JOACHIM ISRAEL

Introduction

Au cours d'un symposium organisé par I'UNESCO à l'occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Karl Marx, Anouar Abdel- Malek fit la remarque suivante : Vu de la <r périphérie », de ces trois continents où vivent de nos jours plus des trois quarts du genre humain, le marxisme apparaît comme une <r Weltanschaung », comme une théorie — philosophie, idéologie et méthodologie réunies — qui représente la synthèse critique la plus avancée de la civilisation et de la culture occidentales. De façon plus spécifique, il représente la théorie de l'Europe du Siècle des Lumières et des grandes révolutions politiques, économiques et sociales (1968).

Deux points me paraissent importants dans ce texte. Tout d'abord on attire l'attention sur le risque d'ethnocentrisme. Vu dans l'optique du tiers monde, le marxisme constitue une critique à l'égard des conditions européennes — critique qui s'est constituée dans certaines conditions historiques et socio-économiques, plus particulièrement celles qui ont marqué le démarrage du procès d'industrialisation européenne. L'analyse de Marx porte sur la structure sociale qui a surgi avec le mode de production contemporain. Essayer d'appliquer dogmatiquement l'analyse marxienne aux conditions qui prédominent aujourd'hui, dans le tiers monde par exemple, ce n'est pas seulement du dogmatisme, mais une forme d'ethnocentrisme intellectuel, qui a pour origine l'incapacité de saisir et de prendre comme point de départ de l'analyse les conditions spécifiques qui existent aujourd'hui dans le tiers monde. Les marxistes devraient faire plus souvent l'autocritique de leur propre ethnocentrisme.