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Au revoir Philippe

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Année 2005 1257 pp. 79-80
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Au revoir Philippe

Pour beaucoup d'entre nous, tu formais une sorte de couple avec la revue Hommes & Migrations. Tu y étais entré à la fin des années quatre-vingt, un peu après que Jacques Hauser m'a demandé de faire partie du comité de rédaction. T\i avais d'abord arboré une posture dis¬ crète, quoique efficace, et respectueuse du père Ghys, un père blanc un peu atypique, qui faisait moins de cas de sa revue -qu'il avait créée aux débuts de la guerre d'Algérie -que des activités de formation et d'al¬ phabétisation de son association, l'Amana (assistance morale et aide aux Nords-Africains) et de "la grande famille" qu'il avait constituée avec ses proches. Mais, très vite, tu t'étais imposé par ton professionnalisme, ton goût du travail bien fait, ta position de journaliste sans concession à l'égard du pouvoir en place, quel qu'il fut, tes idées bien tranchées et tes intuitions sur les dossiers, les auteurs, la qualité des articles, des illustrations. Tu aimais souvent à rappeler, quand un thème avait été soulevé par le comité de rédaction comme sujet à traiter : "Oui, mais a-t-on un auteur ?" Je me sentais très en phase avec tes approches et j'ai eu l'occasion de te le dire à plusieurs reprises.

Tu as traversé sans encombre mais non sans soucis les péripéties de la revue : le décès brutal du père Ghys, qui dirigeait l'Amana sans partage, à tel point qu'on se demandait si les locaux étaient assurés et comment s'en sortir avec ses papiers. Ensuite, les fins de mois difficiles du temps de l'association des Amis d Hommes & Migrations , puis l'en¬ trée de la revue à l'Adri, et enfin son incorporation dans la Cité natio¬ nale de l'histoire de l'immigration.

En une quinzaine d'années, tu as réussi à faire d'une revue mar¬ quée par son passé caritatif et militant, une référence incontournable des travaux sur les migrations, traitant des thèmes les plus en pointe, en y conviant les meilleurs auteurs, avec toujours le souci de conserver un style et une approche accessibles à un public plus large que celui de l'université ou des administrations spécialisées.

Ton carnet d'adresses où se côtoyaient des intellectuels consacrés, des intellectuels de terrain, des militants associatifs, des chercheurs, de hauts fonctionnaires, des essayistes, m'impressionnait par son éclectisme et sa diversité. Il contrastait avec ta simplicité, ta solitude parfois, face aux enjeux de la revue, tes coups de gueule à l'égard d'au¬ teurs de textes qualifiés de "faiblards" ou qui ne remplissaient pas leurs engagements et ton peu de goût pour les hiérarchies.

Les réunions du comité de rédaction étaient toujours un moment de convivialité et d'échange : d'abord dans le décor de patronage pas-

par Catherine Wihtol de Wenden,

CNRS (CERI)

Trajectoire d'un intellectuel engagé

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