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Choses vues et entendues à l'Université

[article]

Année 2005 1258 pp. 78-85
Fait partie d'un numéro thématique : Laïcité : les 100 ans d'une idée neuve. I. À l'école
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Choses vues et entendues

à l'Université

par Yolène Dilas-Rocherieux,

directrice du département de sociologie de l'université Paris X

1)-Ce n'est pas le cas, semble-t-il, des universités de l'Est parisien où le phénomène paraît plus important.

2)-Olivier Pétré-Grenouilleau, Les identités traumatiques. Traites, esclavages, colonisation, Le Débat, Gallimard, n° 136, septembre-octobre, 2005, pp. 93-107.

Enseignante à l'université de Nanterre et directrice du département de sociologie, je constate, aujourd'hui, que si le nombre de jeunes filles voilées tend à se stabiliser, du moins à Nanterre(1), il devient aussi chose banale pour les étudiants(es) et les enseignants(es). Il faut rap¬ peler que l'interdit sur les signes religieux à l'école, édicté par la loi de juin 2004, ne s'applique pas dans l'enseignement supérieur. Des étu¬ diantes de confession musulmane peuvent ainsi se présenter aux cours vêtues de la tenue "islamique" dont la gamme va du foulard coloré dégradé au tchador ; il arrive aussi qu'elles soient photographiées tête couverte sur leur carte d'étudiant.

Cette banalisation semble résulter de plusieurs facteurs : tout d'abord, la revendication par une poignée de jeunes filles, nées et sco¬ larisées en France, d'un "féminisme musulman", d'une voie émancipa-trice propre à leur culture. Militantes convaincues, elles s'érigent en modèles auprès de leurs comparses, les persuadant que le port du voile est le fait d'une décision raisonnée de femmes indépendantes et modernes, revenues à la foi, et non de l'injonction de mouvements reli¬ gieux traditionalistes, voire radicaux. Les références à l'islamophobie, à l'égalité de droit, au racisme et à la stigmatisation culturelle trouvent ainsi écho chez des gamines moins éduquées, qui agissent plus par effet de mode ou sous la pression des pères, frères et amis(es) que par conviction personnelle.

Autre facteur de banalisation, l'absence -qui n'est pas l'apanage des seuls(es) jeunes musulmans(es) -de culture politique et historique. Nombre d'étudiants(es) confondent démocratie et laïcité, identité, culture et nationalité, une ignorance utile aux groupes politico-religieux pour travailler à leur profit les "identités traumatiques". Par ce terme, l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau(2) désigne des construits identi¬ taires érigés sur la croyance d'un sort partagé, sorte d'unité autour d'un ancêtre commun mythifié : "l'exploité", "le colonisé", "l'esclave". Grâce à une opération de simplification de l'histoire -la croyance l'emportant

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N° 1258 -Novembre-décembre 2005

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