NITIATIVES
par MOGNISS H. ABDALLAH,
agence IM'média
Les auto-écoles associatives pour un code de conduite sociale
La lutte contre l'insécurité routière a été élevée au rang de grande cause nationale en 2002 par le président de la République. Depuis, policiers et gendarmes sont ostensiblement plus présents et, appli¬ quant à la lettre les consignes de "tolérance zéro", ils verbalisent sans pitié tout contrevenant : ainsi, le nombre de permis retenus ou suspendus suite à un excès de vitesse est passé de 12 945 à 47 729, soit une augmentation de 269 % entre 2001 et 2002 ! Il faut "faire reculer le sentiment d'insécurité et d'impunité" au volant, affirme le ministre des Transports Gilles de Robien, car la voiture "peut être une arme". Tout conducteur est donc un délinquant potentiel.
Ce message sécuritaire édicté au nom du bien de tous, qui s'ap¬ plique à un champ de préoccupation transcendant les clivages idéo¬ logiques, recueille une certaine approbation du public, malgré les sanctions encourues et l'absence annoncée d'amnistie présiden¬ tielle pour les délits d'homicide involontaire avec circonstances aggravantes commis sur la route. Ainsi, la peur du gendarme, mais aussi la capacité stimulée des individus à saisir la dimension col¬ lective des enjeux de la violence routière, ont eu pour effet une baisse spectaculaire du nombre de tués sur la route : moins 18 % en un an, soit 1 405 vies sauvées.
La médiatisation d'accidents meurtriers provoqués par des jeunes -parfois sous l'emprise de la drogue -diffuse l'idée de la dangero-sité des jeunes au volant. De fait, ils sont surreprésentés parmi les victimes de la route : en 2001, on dénombrait un quart de jeunes parmi les 7 616 tués (alors que les quinze-vingt-quatre ans repré¬ sentent environ 15 % de la population). Pour tenter de remédier à cette hécatombe, la nouvelle loi "antichauffards" du 12 juin 2003 instaure un permis probatoire pour les "nouveaux conducteurs", euphémisme employé pour ne pas discriminer les jeunes : à partir de 2004, ils n'auront droit pendant trois ans qu'à six points sur leur permis, au lieu de douze. Le législateur a-t-il pensé aux effets pré¬ visibles de cette innovation ? Non seulement les jeunes auront le
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