Anna Angélopoulou

Muscambre, fils de l'inceste

Le conte type qui porte le numéro AT425 dans la classification internationale, mieux connu comme l'histoire d'Éros et Psyché1, fait partie des contes qui ont été le plus analysés depuis quelques générations. Le thème du mariage d'une fille avec un être surnaturel, qui peut d'ailleurs être un monstre, a fait l'objet de plusieurs études2. L'analyse des versions grecques de ce conte type s'aligne sur la décomposition en éléments proposée par Jan-Ojvind Swahn dans sa monographie3 qui recense environ 1 100 versions recueillies dans l'Europe entière. Celle de G. A. Mégas porte uniquement sur les versions grecques4. Mais, bien avant la définition des sous-types par Swahn, le récit qui nous intéresse a fait l'objet d'une série d'interprétations, commentaires et spéculations quant à ses origines ; les exégèses concernant la provenance de l'époux merveilleux ont varié selon les écoles : phénomène naturel, animal totémique, réminiscence d'anciens rites ou symbole, dans plus de quatre cents versions grecques Éros s'unit à Psyché et disparaît ensuite dans un autre monde qu'elle doit à son tour traverser pour le retrouver et finir ses jours tranquillement avec lui. La

L'Homme 105, janv.-mars 1988, XXVIII (1), pp. 49-63.