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L'OCÉAN INDIEN COMME DOMAINE DE RECHERCHE

Projet de création d'un centre de documentation, de recherche et d'enseignement sur l'océan Indien

par

PAUL OTTINO

L'évolution, le développement et le progrès des recherches effectuées dans les îles et archipels ainsi que dans les pays périphériques de l'océan Indien, dans le domaine des sciences humaines et de l'histoire, imposent chaque jour davantage la formulation d'un programme de travail élargissant ses méthodes et ses hypothèses aux dimensions de cet objet.

Désormais, la création d'un centre de documentation, de recherche et d'enseignement s'impose. Le présent texte, s'inspirant d'institutions équivalentes et qui existent déjà, se propose d'en exposer le projet.

Le Bishop Museum de Honolulu (Hawaii), qui s'attache à éclaircir l'histoire culturelle de l'Océanie, ses méthodes et ses moyens (ainsi que ses remarquables résultats) donnent une première idée de ce que pourrait être une entreprise comparable dans l'océan Indien, c'est-à-dire dans un milieu historique et culturel autrement plus complexe que celui du Pacifique. En effet, les îles et archipels de l'océan Indien ont directement subi l'influence de ces grands foyers de civilisation qu'ont été de tout temps le Moyen-Orient arabo-persan et le sous-continent indien.

Au cours des quatorze ou quinze premiers siècles de notre ère, les très vieilles influences indo-iraniennes se sont combinées avec celles de l'hindouisme, du bouddhisme et de l'Islam. Au début du xvie siècle, l'irruption des Portugais, suivis des Anglais, des Hollandais et des Français, allait — en particulier par l'introduction des armes à feu — modifier très profondément les équilibres politiques.

Le résultat est d'une complexité telle qu'il est nécessaire pour le clarifier de faire appel à toutes les démarches anthropologiques (sociale, culturelle, physique), à l'histoire et à l'archéologie, à la technologie et à l'ethnobotanique, enfin à la linguistique et à l'ensemble des traditions écrites ou orales disponibles.

L'Homme, juil.-déc. 1974, XIV (3-4), pp. 143-151.