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La « déesse de Berlin » : histoire et réception d’une statue grecque archaïque

[article]

Présentation par Alain Schnapp

Année 2013 73 pp. 169-179
Fait partie d'un numéro thématique : Objets sacrés
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METHODE

Wolf Dieter Heilmeyer

La «déesse de Berlin » : histoire et réception d’une statue grecque archaïque

Présentation par Alain Schnapp

Wolf Dieter Heilmeyer est Vun des très rares archéologues de sa génération à avoir été à la fois un conservateur de musée et un professeur qui s’est intéressé à tous les aspects de l’art grec et romain. Chercheur, conservateur et enseignant, il s’est impliqué dans tous les domaines de l’art de l’antiquité classique. Il a été l’organisateur de nombreuses expositions, dont l’une des plus fameuses a été Die Griechische Klassik, Idee oder Wirklichkeit, Berlin 2002. Il est un auteur prolifique qui se préoccupe autant de l’art grec archaïque que de l’art romain et du développement des musées. Historien de l’art, il a une profonde expérience des techniques des sculpteurs de l’Antiquité et des méthodes de l’archéométrie. Dans tous ses travaux il donne une importance décisive au travail de l’artisan et à sa signification sociale et intellectuelle.

La «déesse » de Berlin est un article construit comme une intrigue policière qui, après une courte analyse historiographique, reprend chacun des éléments qui permettent d ’ identifier cette célèbre statue archaïque dont l’origine et l’attribution sont restées incertaines pendant des décennies. Grâce à une approche qui mêle les observations techniques et stylistiques les plus fines avec les résultats de l’archéométrie, W.D. Heilmeyer reconstruit l’histoire d’une œuvre dans son contexte de production et de réception, qui est celui des classes dirigeantes de l’Athènes archaïque. Mais ce n’est pas tout, ce court article est aussi une leçon d’histoire des musées et de la représentation de l’art grec au XXe siècle.

1

Au début de l’année 1924 cette statue fut proposée à la direction du département des Antiquités »1 : c’est ainsi que Theodor Wiegand, directeur de V Antikensammlung de Berlin, mentionnait pour la première fois l’acquisition, conclue en 1925, de la «déesse attique debout », comme on devait continuer à l’appeler par la suite (fig. 1-4). En fait, dès 1923 des photos de la statue, qui se trouvait déjà à Genève, avaient été adressées à Wiegand par l’intermédiaire bien connu Peter Mavrogordato. Certaines de celles-ci qui accompagnaient une lettre à Wiegand (sur papier à en-tête d’un hôtel de Lausanne) ont été conservées dans les archives de la collection d’antiquités des Staatlichen Museen de Berlin. La statue se trouvait alors chez le marchand d’art Jacob Hirsch auprès duquel Wiegand avait déjà acquis en 1915 la déesse assise de Tarente. Dans aucun des deux cas, Wiegand ne s’était inquiété de l’origine frauduleuse d’œuvres dont le marchand garantissait l’authenticité. La statue funéraire attique debout portait deux traces de découpes à la scie sur le corps et de grosses cassures sur le cou, qu’on lui avait infligées «pour l’exporter clandestinement », comme Wiegand le reconnaît lui-même. Une expertise qu’il avait demandée lui avait toutefois confirmé la règle juridique de la lex rei sitae, selon laquelle lors d’une vente c’était la législation du pays où se trouvait l’objet au moment de la vente, en l’occurrence la Suisse, puis l’Allemagne, qui devait être respectée. Le jugement positif exprimé à l’époque sur cette acquisition par toute une phalange d’archéologues internationaux ne laisse pas de nous étonner aujourd’hui.

Durant ces années marquées par une extrême tension politique et économique, 1924-1925, Wiegand parvint, grâce à une recherche intensive et à un large éventail de moyens, à réunir la somme réclamée par Jacob Hirsch, d’un million de marks allemands, dont 700 000 donnés par des fondations privées. Le 4 mai 1925, la statue reconstituée à Genève était exposée au second étage de YAltes Museum de Berlin, dans la pièce où se trouvait auparavant la déesse trônant de Tarente. Le fameux historien de l’antiquité Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff l’a vue dans cette salle et a confirmé le nom de déesse que lui avait attribué Wiegand : elle se trouvait, comme il le rapporte,

HISTOIRE DE L’ART N°73 DÉCEMBRE 2013

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