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L’architecte Émile Bénard, un Français en Amérique

[article]

Année 1998 42-43 pp. 115-116
Fait partie d'un numéro thématique : Architecture et décor
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ÉTUDE

Stéphanie CHOUARD

L’architecte Émile Bénard, un Français en Amérique

Ce texte publié à la mémoire de Stéphanie Chouard, disparue en 1997, a été rédigé par Françoise Hamon à partir du synopsis que son auteur avait établi en vue d’un article destiné à ce numéro.

Lorsqu’Émile Bénard (1844-1929) obtient en 1867 le grand prix d’architecture de l’Acadé¬ mie de France à Rome, il peut espérer faire une belle carrière, analogue à celle que poursuivent sous le Second Empire les lauréats de la récompense suprême. La période d’exceptionnelle prospérité garantit en effet le plein emploi de la profession et chaque jeune «Romain » se voit attribuer un prestigieux chantier public qui est suivi de commandes lucratives de particuliers ou de sociétés immobilières. Mais les événements politiques en décident autrement : de retour de Rome en 1872, Bénard dut se contenter d’un modeste poste d’architecte de l’arrondisse¬ ment du Havre. Cette nomination sans grand prestige fut cependant à l’origine d’un long par¬ cours original, qui le conduisit aux Etats-Unis puis au Mexique et lui permit d’étendre son rayonnement jusqu’au Canada. Bénard s’illustra dans deux spécialités complètement oppo¬ sées : le logement social et le palais public. Et ces deux axes de sa carrière se croisent puisque c’est son engagement dans l’architecture sociale qui l’introduit dans l’Amérique moderne.

Après les années d’émerveillement à la Villa Médicis, les missions au Havre sont sans éclat : écoles et églises rurales, immeubles de rapport construits à l’économie. Mais le maire de la ville, l’alsacien Jules Siegfried, est un philanthrope actif, le fondateur du Musée social, et il met l’architecte en contact avec les militants du logement économique qui lui confient à Paris l’achèvement d’un lotissement ouvrier fondé par l’un d’entre eux, la cité Dietz-Monin d’Emile Cacheux. A la suite de cette mission, Bénard est invité en 1892 à construire à Paris pour l’Union chrétienne des jeunes gens (U.C.J.G.) un centre de loisirs destiné aux travailleurs isolés. Le mécène américain de l’opération, James Stock, appelle Bénard à New York. Celui-ci s’em¬ barque pour aller consacrer une semaine à l’étude des centres créés par la Young Men Chris¬ tian Association (Y.M.C.A.), dont il reprendra les principes dans la construction de la rue de Trévise. L’équipement du Centre, tant culturel (bibliothèque, salles de musique avec orgue et de conférences) que sportif (gymnase avec piste de course en bois, basket-ball, piscine) cons¬ titue une innovation remarquée.

Le cercle de l’ U.C.J.G. constitue la première étape de la carrière américaine de Bénard. Car l’année suivante, Bénard découvre que pour l’Exposition universelle «colombienne » de Chicago (1893), l’architecte Atwood a copié scrupuleusement la partie centrale de son projet de grand prix, un palais des beaux-arts. Une polémique se développe autour de ce plagiat,

115 HISTOIRE DE L’ART N° 42/43 OCTOBRE 1998

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