DOCUMENTS
Découvertes de l’Inventaire en Île-de-France
L’inventaire du département des Hauts-de-Seine, aujourd’hui terminé, a permis de mettre à jour dans les édifices publics des oeuvres jusqu ’ici inédites. Les textes qui suivent permettent de saisir l’importance de quelques-unes des découvertes sur lesquelles les re¬ cherches sont en cours.
Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste
Dans une même commune, les chercheurs de l’équipe régionale ont étudié trois tableaux jamais publiés à ce jour : une Agonie du Christ au Jardin des oliviers datée de 1672 et signée du peintre espagnol Clau¬ dio Coello ; une Déposition de croix à fond d’or des environs de 1500 d’inspiration flamande, et enfin une Vierge à l’Enfant raphaélesque qui semble remonter au XVIe siècle. La notice qui suit concerne cette dernière œuvre.
Il s’agit d’une peinture à l’huile sur bois actuellement présentée désencadrée 1, dont l’ico¬ nographie s’inscrit dans la tradition des madones de la Renaissance italienne (fig. 1). Sur un fond de paysage, la Vierge et saint Jean-Baptiste enfant qu’elle entoure de son bras gauche, sont agenouillés au pied de l’Enfant endormi dont Marie soulève délicatement le voile impal¬ pable. Relativement bien conservée, l’œuvre est néanmoins altérée par quelques restaurations, principalement dans le groupe d’arbres à gauche, la position assez mal venue des membres inférieurs de l’enfant Jésus, le bras droit du petit saint Jean et la coiffure de la Vierge.
La composition rappelle celle de la Madone de Lorette peinte par Raphaël vers 1 509 et conser¬ vée au Musée Condé à Chantilly mais elle s’apparente encore davantage à la Vierge au diadème bleu du Musée du Louvre, datable entre 1510 et 1512 et attribuée par Mme Sylvie Béguin à Gian Francesco Penni. Le tableau retrouvé en Ile-de-France s’intégre dans un ensemble de versions 2 dérivées d’une œuvre perdue de l’atelier de Raphaël. Il est surtout proche d’un des¬ sin du début du XVIe siècle, réalisé à la mine de plomb rehaussée de craie, généralement attribué à Raphaël 3, plus rarement à son contemporain Mariotto Albertinelli 4 d’après le maître, qui offre une composition identique. En 1860, sa présence est signalée à l’Académie de Florence puis il est conservé au Cabinet des dessins de la Galerie des Offices d’où il disparaît au cours de la Seconde Guerre mondiale. Des descriptions et une photographie en attestent l’existence 5. Sur ce dessin très endommagé ne figurait que le groupe des trois personnages dont les con¬ tours portaient des traces de transfert par calque.
Le tableau étudié ici et ce dessin offrent des similitudes non seulement de composition et de dimensions mais aussi dans le traitement des drapés : en effet, dans ces deux œuvres seule¬ ment, le corsage de la Vierge est ajusté et se termine par un décolleté arrondi, contrairement à celui des autres madones du même groupe.
L’absence de paysage ou d’arrière-plan sur le dessin aurait pu favoriser son transfert sur des fonds variés. Or curieusement, les nombreuses versions peintes publiées, dont la meilleure
109 HISTOIRE DE L’ART N° 37/38 MAI 1997
