1643 :
ETUDE QUANTITATIVE D'UNE ANNEE DE
VIOLENCES, EN FRANCE, PENDANT LA GUERRE
DE TRENTE ANS (*)
par Patrick LANDIER
Cette étude repose sur tous les actes qui, aux archives centrales de l'Armée de Terre, intéressent l'année 1643.
Les parties «guerres» des registres «expéditions» (Al -79, Al -86, Al -88), les «instructions au ministre» (Al -89), les pièces disséminées dans les registres A 1-9 8, A 1-1 17, qui recueillent des documents de plusieurs années, ont été utilisées. Les séries Al -78, Al -80, Al -109 et Al -154, quant à elles, n'ont rien révélé de concluant, car elles ne contiennent aucune partie «guerres».
Mais le fond de notre documentation provient surtout des quatre gros registres «minutes» de cette année-là : les liasses Al -73 (676 documents), Al -74 (862), Al -75 (703) et Al -76 (592). Chacun de ces registres recouvre un trimestre de 1643. Dans ces «minutes», répertoriées par destinataires, ont été privilégiés les documents envoyés aux gouverneurs, intendants, maréchaux, généraux, prévôts des maréchaux ; aux Parlements, maires et échevins, «principaux habitants des villes» ; les ordres, ordonnances, projets, circulaires, commissions, exemptions, sauvegardes, brevets de grâce.
Ainsi ont été dépouillés attentivement 1090 des 2833 actes dont on disposait. Le reste est constitué de billets, recommandations, brevets de don et autres documents inutilisables pour notre sujet.
Le registre Al -77 n'est rempli que de copies de dépêches envoyées aux chefs et officiers de l'armée du roi. Les dépôts «Mémoires et reconnaissances» (MR3, tome 3 et MR 56), quant à eux, ont déjà fait l'objet de commentaires (*).
Notre attention s'est portée particulièrement sur deux sortes de documents, ceux qui traitent des abus des soldats, et ceux qui citent des excès commis par des habitants, en cette année 1643. Tout ce qui provoque, stimule, accompagne ou veut limiter les violences, a donc été écarté au profit de l'étude directe des malveillances commises par les troupes sur les villes et les campagnes, et des attitudes hostiles des habitants vis-à-vis des soldats et des agents du roi.
Maintenant, pourquoi avoir choisi 1643 ? Parce que deux événements de cette année-là ont pu avoir, peu ou prou, une certaine influence sur la discipline des troupes
(*) Cet article fait suite à la thèse de Illème cycle que j'ai soutenue en janvier 1 979, intitulée «guerre, violences et société en France (1635-1659)». Fondée presque exclusivement sur les parties «guerres» des registres «expéditions» des séries Al des archives de l'Armée de Terre, elle avait l'avantage de suivre une série homogène pendant un quart de siècle. Elle permettait, en outre, d'essayer de démonter les rouages de la violence, dans une société conflictuelle et qui cherchait son équilibre à travers une succession de secousses très graves. Il s'agit ici de réduire l'étude à l'année 1643 (présumée intéressante), aux violences caractérisées (physiques ou non), de manière quantitative, mais aussi d'élargir l'examen des sources à tous les documents provenant de 1643.