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Les territoires face à la mondialisation. Le cas de l'industrie de l'aluminium dans le sud-est de la France / Local areas faced with globalisation. The case of the aluminium industry in South-East France

[article]

Année 1998 73-1 pp. 17-24
Fait partie d'un numéro thématique : Varia
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Jacques DONZE

Université Jean-Moulin CRGA-UMR5600, "Environnement, ville, société"

Les territoires face à la mondialisation

Le cas de l'industrie de l'aluminium dans le Sud-Est de la France

Le Sud-Est de la France, entendu ici comme l'ensemble du bassin méditerranéen, des Alpes et de la vallée du Rhône, est passé en 30 ans d'environ 50% de la capacité française d'électrolyse de l'aluminium à moins de 30%, de 13% à 3% de la capacité européenne, hors Russie, de 3 à 0,5% de la capacité mondiale. Dans le même temps, la production d'alumine pour electrolyse a presque cessé. Un tel bouleversement mérite pour l'expliquer qu'on aille au delà de la simple fatalité économique, pour en envisager la dimension spatiale, qui fait la spécificité du raisonnement géographique. Pierre Jouven, PDG de Péchiney déclarait en 1977 : "c'est entre financiers et administrateurs que les projets de stratégie mondiale sont élaborés"1. Or une stratégie a comme caractéristique d'organiser le déploiement de forces dans l'espace.

En 30 ans, le temps d'une vie professionnelle, le phénomène le plus important a été le changement d'échelle géographique auquel se pose le problème de la production d'aluminium. Les régions d'anciennes industrialisation, après avoir eu un statut de "centre", se sont vues conférer, à un stade ultérieur de développement et d'organisation de leurs productions, un statut périphérique ; Elles sont condamnées à s'intégrer à des circuits dominés de l'extérieur ou à disparaître. D'espaces de production, elles sont devenues espaces de conversion. La question est alors de savoir si ces espaces de conversion doivent tenter de s'intégrer dans le nouvel espace de la firme qui a marqué leur histoire, où s'ils doivent jeter les bases d'un développement radicalement différent, ce qu'ils sont souvent contraints de faire.

Nous étudierons donc en premier lieu les processus d'internationalisation qui ont affecté cette industrie pour montrer ensuite comment les régions de production, situées à l'articulation entre le territoire local de l'établissement et l'espace mondial de l'entreprise, sont devenues des espaces de conversion. Le cas de l'Argentière la Bessée, dans les Hautes Alpes, permettra d'avancer quelques pistes sur le passage de la conversion au redéveloppement.

Cycle de vie et processus d'internationalisation

La période pionnière : le Midi et les vallées alpines

Les tout débuts de la production d'aluminium furent hésitants. De l'identification de la bauxite en 1822 par Claude Berthier à la mise au point du procédé électrolytique en 1886, on peut parler de "tâtonnement technique et scientifique". Le procédé Sainte Claire Deville de réduction directe de la bauxite par voie chimique (1854) et le fonctionnement de l'usine de Salindres dans le Gard dès 1855 ont permis, jusqu'en à 1889, de produire un métal expérimental 6 à 7 fois plus cher

que l'argent avec des matières premières d'origine régionale : carbonates de Sodium obtenus avec le sel des salins de Giraud et le charbon d'Alès, bauxites du Midi ; seul le spath fluor servant à la fabrication de la cryolithe était importé. Le Midi s'est donc trouvé d'emblée au cœur de cette nouvelle production.

1884 - 1887 furent des années d'intenses innovations technologiques : expériences de Marcel Deprez sur le transport d'électricité (1884) ; invention du procédé électrolytique des chlorates par Henri Gall et de l'alumine par Paul Héroult et Charles Martin Hall en 1886 ; procédé Bayer pour la production d'alumine en 1887. Si les ingénieurs et les capitaux étaient normands, alsaciens ou suisses, les premières usines d'électrolyse furent alpines : Neuhausen sur les chutes du Rhin à Schaffhausen, en Suisse, (Contemporaine de celle de Niagara Falls sur les chutes du Saint-Laurent) et Froges dans le Grésivaudan, ouverte par la société électrométallurgique de Paul Héroult en 1889 et qui fonctionna jusqu'en 1895. L'ouverture de cette usine d'une capacité de 32 tonnes/an fit baisser les prix du nouveau métal de moitié.

Dès lors la nouvelle technologie connut une application rapide : de 1893 (La Praz en Maurienne) à 1928 (Venthon en Val d'Arly), 12 usines d'électrolyse furent ouvertes dans les Alpes françaises dont une dans les Alpes du Sud, (L'Argentière en 1910). Bien que cette production ait été éphémère pour la moitié d'entre elles, les Alpes ont malgré tout vu démarrer en 35 ans plus d'usines que tout le continent américain. En 1961, cette région était encore un des plus grands centres mondiaux de production de métal blanc. Durant cette phase pionnière, le nouveau produit a bénéficié d'un monopole d'innovation qui était le fait d'un petit nombre de firmes ayant passé entre elles des accords de Cartel (création "d'aluminium Français" en 1910) leurs assurant la maîtrise du marché national. L'application rapide de la nouvelle technologie constituant l'arme principale du contrôle de ces marchés. La fabrication du produit, qui intègre dans son coût élevé un fort pourcentage de recherche-développement, se développe dans les pays disposant de ce potentiel. L'enjeu étant alors la maîtrise de la matière première et la fabrication des semi-produits amont, il se constitue en quelque sorte des systèmes de production régionaux intégrés de la bauxite à l'aluminium. Si le site était prédéterminé par les conditions naturelles (existence d'un potentiel hydroélectrique) alors que les autres facteurs de localisation étaient secondaires (surfaces, desserte) quoique parfois problématiques (la main d'œuvre), ce facteur essentiel n'était cependant pas rare pour peu que les équipements fussent de faible puissance. On aboutit donc à une multiplication d'usines de petite taille, d'une grande souplesse de fonctionnement, et permettant de procéder à

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