L'étude consacrée par Mr Paul Marres à la géographie physique des Grands Gausses1 est, dans tous les sens, une thèse. Son originalité est de démontrer que ces âpres plateaux calcaires n'ont pas toujours été le désert de pierres dont l'image surgit au seul rappel de leur nom, mais ont offert à l'homme une végétation forestière qui a été peu à peu détruite. Cette démonstration est réalisée avec une précision que seul un géographe pouvait atteindre, par la convergence de trois argumentations, en considérant, d'une part, les conditions climatiques, de l'autre, le tapis végétal actuel, où les témoins de l'état primitif n'ont pas complètement disparu, enfin les données historiques qui permettent parfois de remonter jusqu'au moyen âge. A côté du climat, l'auteur a cru ne pas pouvoir négliger le relief du sol si original de ce Karst français. Nous avons ainsi, dans ce volume, un tableau complet de la géographie physique d'une des régions naturelles les plus fortement individualisées du sol français. Le chapitre morphologique n'est pas le plus personnel ; il mérite cependant l'attention. Adoptant l'interprétation donnée par Baulig sur l'âge des plateaux (plus récents que sa pénéplaine éogène), l'auteur s'est modestement limité à des indications, qui ne sont pas sans intérêt, sur les influences lithologiques, et sur les modalités locales de l'évolution karstique. Les précisions données sur la transformation des vallées sèches en poljés, sur les remaniements du réseau de la Vis et leurs conséquences, sur la localisation des dolines de différents types, font un peu regretter que Mr Marres n'ait pas poussé plus